Sylvanus Olympio, le héros de l’indépendance du Togo

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Sylvanus Epiphanio Kwami Olympio naît le 6 septembre 1902 à Kpando au Togo. Il fait ses études primaires à la Mission catholique allemande de Lomé, puis à l’école coloniale française et à l’Ecole secondaire anglaise. A l’âge de 18 ans, il s’envole pour Londres où il obtient la London Matriculation (l’équivalent du baccalauréat français) avant d’entamer un cursus universitaire d’économie politique à la London School of Economics d’où il sort diplômé. Après cela, il poursuit des études supérieures de droit international à Dijon (France) et à Vienne (Autriche). A la fin de ses études, il est employé par la Lever Brothers Company à Londres. En 1828, Sylvanus Olympio retourne en Afrique où il est affecté d’abord comme adjoint à l’agent général de la compagnie Unilever à Lagos au Nigéria, puis il est muté comme chef de la société à Hô au Ghana. Il retourne au Togo où il occupe le poste d’Agent général de la United Africa Company (UAC), filiale du groupe Unilever en zone française. Promotion exceptionnelle pour un africain autochtone. Au Togo, il est sollicité pour être conseiller technique du Conseil des notables créé par le pouvoir colonial français afin de contrer le sentiment germanophile qui régnait au Togo avant la seconde guerre mondiale. Le 13 mars 1941, Olympio participe à la création du « Comité de l’Unité Togolaise », une association à l’image du Conseil des Notables, pour garantir une amicale entre autochtones et colons français, et pour contrer l’association Deutsche Togo Bund. Cette dernière prônait la réunification du Togo français et Anglais et souhaitait recréer le grand Togo uni de la période allemande. En 1942, Olympio est arrêté et emprisonné pendant trois semaines, avec six de ses collègues parce qu’ils travaillaient pour le compte d’une société britannique alors que l’administration coloniale au Togo était avec le régime de Vichy en France. L’accord signé entre Hitler et le maréchal Pétain faisait des britanniques les ennemis de l’Allemagne et de la France. A l’annonce du débarquement allié en Afrique du Nord, Olympio est libéré, en pleine nuit, au milieu de la brousse, sans moyen de déplacement. Le 9 juin 1946 est créée la « All Ewe Conference » ayant pour objectif de combattre pour la réunification du peuple Ewe que les colons britanniques et français ont divisé après la défaite allemande au Togo en 1914. Sylvanus Olympio devient un représentant au Togo. Le 27 avril 1946, à la réunion de renouvellement du Conseil d’administration du « Comité de l’Unité Togolaise », Sylvanus Olympio propose qu’il change de nature pour devenir un véritable parti nationaliste ; Ce qui fut adopté. Ce nouveau parti militait pour l’unité du peuple Ewé divisé entre les deux Togo. Le colon français favorisa la création de plusieurs autres partis politiques pour combattre le Comité de l’Unité Togolaise, mais aucun de ces partis ne parvint à avoir sa popularité. Le 10 novembre 1946 aux élections des députés au Conseil de l’Union française, le Comité de l’Unité Togolaise obtient 73 % des suffrages exprimés et son candidat Martin Aku alla siéger à l’Assemblée Nationale Française. Ce fut pareil le 8 décembre 1946 aux élections à la première Assemblée Représentative du Togo, où le parti de Sylvanus Olympio obtint la presque totalité des suffrages exprimés. Olympio présida cette assemblée pour 5 ans.

Le 8 octobre 1947, Sylvanus Olympio se rend pour la première fois à l’ONU pour plaider la cause de la réunification du peuple Ewe. Il fera par la suite ce voyage chaque année, parfois deux fois par an. La popularité de Sylvanus Olympio commence à gêner le pouvoir colonial français qui fait alliance avec les britanniques pour écarter Olympio de la vie politique togolaise. En 1951, ce dernier est muté à Paris par le groupe Unilever où il exerce depuis. A Paris la même année se tient un sommet de l’ONU où Sylvanus Olympio doit intervenir en faveur des nationalistes togolais. La société Unilever lui propose deux alternatives : Soit il manque le sommet et va en croisière à une destination de son choix au compte de la société, soit il démissionne. Olympio opte pour la deuxième solution et démissionne, ce qui accroît sa popularité au Togo. En 1952 aux élections à l’Assemblé Représentative du Togo, Sylvanus Olympio, suite aux fraudes massives de la part du pouvoir colonial français, doit laisser la présidence de l’assemblée aux valets de la colonisation. En 1954, il est arrêté pour « trafic de devises » entre le Togo et le Ghana. Le pouvoir colonial français lui propose de renoncer à la vie politique contre sa liberté ; C’est le refus. Olympio est condamné à payer une amende de 5 millions de F CFA et à la déchéance de ses droits civiques, ce qui l’empêche d’être candidat aux prochaines consultations électorales.

Le 27 avril 1958, de nouvelles élections législatives sont organisées au Togo pour la désignation d’une nouvelle assemblée, cette fois sous la supervision d’une mission de l’ONU, à la demande des nationalistes. Ceci pour éviter les fraudes massives de la dernière élection. Déchu de ses droits civiques, Olympio ne peut pas être candidat. Bien que les fraudes du pouvoir colonial aient lieu, leur limitation par l’ONU permet au Comité de l’Unité Togolaise de remporter la victoire à une majorité de 33 sièges sur 46. L’assemblée vote une amnistie pour Sylvanus Olympio et lui restitue ses droits civiques. La même assemblée l’investit Premier ministre de la République du Togo. En tant que Premier Ministre, Olympio engage le combat pour l’indépendance du pays. Aux élections municipales du 15 novembre 1959, le CUT triomphe à nouveau en prenant 136 sièges sur les 160 à pourvoir. Sylvanus Olympio est élu maire de Lomé. Le 27 avril 1960, il proclame solennellement l’indépendance du Togo et le 9 avril 1961, il est élu Président de la République togolaise.

Comme à l’accoutumé, la France met sur pied des mécanismes pour déstabiliser le nouveau régime qui fait preuve de beaucoup d’autonomie. Elle s’appuie sur l’allié de la CUT, du nom de la Juvento avec qui la CUT administre le pays. Olympio découvre le complot et dissout la juvento, ce qui conduit au départ de ses membres du gouvernement. D’autres sont arrêtés et emprisonnés. Sylvanus Olympio s’attaque au Franc CFA et menace de sortir de la zone franc. Il est l’un des premiers à découvrir la nocivité du franc CFA pour les pays africains libres. Le 13 janvier 1963, le président de la République togolaise est assassiné par les réseaux français pilotés par Jacques Foccart. C’est le début d’une série d’assassinats contre les nationalistes des pays africains qui font preuves de beaucoup d’autonomie, refusant de brader les ressources de leurs peuples. Etienne Gnasingbe Eyadéma a publiquement revendiqué l’avoir abattu à bout portant par des balles tirées en pleine poitrine et au bas-ventre avant de lui sectionner les veines des poignets, de lui sectionner la cuisse gauche. Olympio agonise longuement ainsi au sol en se vidant de son sang, dans d’atroces souffrances. Le matin du 13 janvier à 6 heures, Radio France Internationale annonce la nouvelle de l’assassinat d’Olympio alors qu’il n’a pas encore été tué. Le commando venu le tuer l’ayant raté la première fois et il s’est réfugié à l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique, avant d’y être rattrapé par son bourreau qui a violé de ce fait la règle d’extraterritorialité protégeant toutes les Ambassades. Pour empêcher que son corps ne soit brulé à l’acide comme celui de Patrice Lumumba, il fut acheminé clandestinement au Bénin où il est inhumé au carré des Afro-brésiliens du cimetière d’Agoué.