Note de lecture : OUVRAGE : La géostratégie africaine AUTEUR : Jean Paul Pougala

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Aperçu sur l’auteur

Pougala Jean Paul est  économiste de formation, géostratège parce que dirigeant un institut d’études de géostratégie de Genève en Suisse  et l’autre à Douala. Il est auteur de nombreux ouvrages sur les problèmes qui gangrènent le continent africain. Il est un des intellectuels  de la diaspora qui apportent leur pierre dans la construction d’une Afrique nouvelle. Il est très sinophile et pense que l’Afrique gagnerait à rompre ses relations avec l’occident pour se tourner du côté de la Chine. Pour lui, la cible première pour le décollage du peuple africain est la décolonisation des mentalités, surtout celle de la jeunesse qui est manipulée par l’école, les médias et la culture occidentale. Il pense qu’il est temps de leur refaire un logiciel mental nouveau parce que penser le monde occidentalement c’est le penser accidentellement.

  Présentation de l’ouvrage

  Intitulé géostratégie africaine, l’ouvrage de 199 pages s’adresse à la jeunesse africaine bâtisseuse de l’Afrique de demain. C’est pourquoi à la première de couverture, on  voit un enfant  qui scrute le monde, la terre. Cet enfant est un africain qui regarde le monde et s’interroge sur son mécanisme et son fonctionnement. Mais avant de l’observer et de s’interroger il faut sortir du monde et se placer à l’antipode du monde pour mieux l’appréhender. C’est sans doute ce que l’auteur aimerait que la jeunesse africaine fasse du monde et surtout  de l’Afrique meurtrie par les siècles d’obscurantisme et de soumission. Cet enfant regarde le monde avec le regard de l’africain. Le monde que l’enfant regarde est renversé.

  L’ouvrage est constitué de 20 chapitres que nous pouvons résumer en trois grands axes.

1.                      Les stratégies de manipulation, d’exploitation et de soumission de l’africain par l’occident. (la géostratégie, les guerres, les ONG, la monnaie…)

2.                      La Chine : voie de sortie pour l’Afrique et cause de la violence occidentale (à travers ses réalisations et sa diaspora qui doit imiter celle de la Chine)

3.                      Les lettres de reproches et de condamnations aux autorités occidentales dont le racisme et la manipulation ne sont plus à démontrer

Dans le premier axe de son argumentaire, l’auteur pose le problème de la défense de son territoire comme instinct propre à tous les êtres vivants. Ce qui fait naitre chez chaque être un amour poussé  pour son milieu de vie. Si cet amour n’est pas développé par l’éducation, il serait normal pour les citoyens de dénigrer leur pays et de croire qu’ils ne valent rien et attendrait toujours un « libérateur » potentiel. C’est ce que vise la géostratégie : A enseigner aux jeunes à aimer  leur pays et à le défendre vaille que vaille. Les chinois l’ont déjà  mieux compris. Dès la maternelle, les enfants sont initiés aux valeurs patriotiques qui les amènent à mieux aimer leur pays et à le défendre. C’est l’une des raisons fondamentales qui justifient le nationalisme chinois. Dans la même logique,  l’auteur pense que ces valeurs patriotiques devraient  être enseignées dans les écoles primaires des Etats Africains. La méconnaissance de son milieu de vie est un handicap pour l’épanouissement d’un peuple. Voilà pourquoi les puissances occidentales  nous ont présentés une carte du monde qui ne reflète pas la réalité, car la conception du monde telle que conçue par les intellectuels comme Geordano Bruno (1548-1600) fut falsifiée par l’occident religieux. Selon l’auteur, Galileo et Bruno ont dressé une carte du monde sur laquelle on pouvait voir un nord et un sud que l’occident conquérant a utilisé pour justifier sa suprématie en présentant un nord en haut et un sud en bas. Puisque la terre est suspendue dans le vide, la notion de nord et de sud n’est là que pour indiquer une direction ou une orientation. Alors, le nord et le sud deviennent relatifs puisqu’en fonction d’un autre angle de perception, l’Afrique devient le Nord et l’Europe le Sud. C’est comme une croix posée au sol. La perception  du nord ne se fait qu’en fonction de l’endroit où l’on se place pour observer. Plusieurs types de manipulations ainsi faites ont servi à soutenir la suprématie occidentale. C’est ainsi que l’Asie du sud-est, le proche et moyen orient ne le sont qu’à partir de l’Europe. Ainsi, l’Europe possède une position centrale. C’est pour créer dans les idées un esprit de désunion, éloigner l’esprit de fédération ou de confédération. C’est le diviser pour mieux régner. C’est ce qu’ont voulu faire les medias occidentaux en séparant l’Egypte de l’Afrique en le classant dans le proche orient par les français, et moyen orient par les britanniques. Même l’expression « Printemps arabe » va dans ce sens. Puisque les pays touchés par ce soit disant « printemps » étaient africains, on aurait dû parler de printemps africain.

Pour l’auteur, s’il fallait qu’il existe un nord et un sud, cela devrait se faire à partir de l’équateur. Ainsi les pays de l’hémisphère nord (Tchad, Sénégal, Cameroun, Soudan) seront au Nord parce que situés au-dessus de l’équateur et ceux placés en deçà seront appelés pays du Sud.  C’est dans le but de créer cette division idéologique dans nos esprits que les occidentaux ont orienté « un nord toujours riche » depuis deux siècles  et un sud toujours pauvres dont les problèmes sont funestes. Pour ne pas les frustrer, ils sont passés de pays pauvres à pays émergents comme quoi, ils ne seront jamais développés. Ou du moins ils suivront toujours leur conception du mot « Développement », et chercheront toujours à les poursuivre pour être comme eux.

  Pour ainsi dire, la carte mondiale réalisée en 1569 par les belges est profondément faussée. Les contours visaient simplement à rehausser la supériorité d’un peuple. Même les dimensions des territoires sont apparemment faussées par rapport à la réalité. La conséquence sur le plan mental est de faire comprendre à l’africain qui l’étudiera que la position de l’occident par rapport à l’Afrique justifie par là même sa supériorité même sur le plan réel. Ce qui est facilement intériorisé par l’enfant africain qui se voit de par la nature, inferieur aux autres.  L’enfant occidental verra son continent au dessus de l’Afrique et conclura qu’il et supérieur à l’Afrique. C’est cette violence symbolique qui a poussé la Chine à réviser sa carte géostratégique où elle place le pays au centre du globe terrestre et enseigne cela à ses enfants. Ceci donne la fierté à l’enfant de penser à la grandeur de son pays,  de son continent et est donc prêt à le défendre bec et ongles.

  La carte du monde doit être changée afin de ne plus enseigner de fausses informations qui rendent nos enfants captifs et détruit en eux la fierté d’être africain. La conséquence la plus directe est qu’on lorgne l’occident et souhaite y aller à tout prix et à tous les prix. Le sous-développement  selon l’auteur est d’abord ce qui se construit dans notre esprit. Ce que l’école nous a enseigné et que l’esprit conçoit. Si la carte du monde n’est pas revue, il revient à nous africains de le façonner à notre grandeur, travail qu’aucun peuple ne peut faire pour un autre à cause de l’orgueil national.

 

  Une autre arme pour dominer est la violence : d’où la guerre en Côte d’Ivoire et en Libye.

Pour l’auteur, ce sont les guerres de Libye et de Côte d’ivoire  qui vont permettre à la Chine de mettre sur pied un nouvel ordre mondial grâce à sa monnaie le Yuan. La chine prend désormais les devant de la scène mondiale. Ce sont ces deux guerres qui ont amené la Chine à gouverner  le nouvel ordre mondial  en signant la fin du dollar américain et en convaincant la Russie  et les Etats africains de se passer du dollar pour le yuan. Le Japon l’a fait autant que le Venezuela. C’est après ces guerres que les alliances se nouent de plus en plus. La Chine s’est rapprochée de la Russie par un accord que l’on appelle le «G 2 militaire » afin de stopper l’avancée de l’occident belliqueux. Cette alliance vise aussi à approvisionner des produits énergétiques à la Chine afin de se passer des produits de l’Europe. Ceci pourra aussi permettre à la Russie de ne plus ravitailler l’occident au profit de la Chine. La guerre en Libye visait à voler le gaz libyen mais a fait perdre à l’occident le gaz russe qui est plus important que celui de la Libye. C’est dans ce sillage que le président des Etats-Unis Obama, le 18 novembre 2009 est allé en Chine dans l’intention de signer un G2 avec la Chine, permettant aux deux puissances de résoudre les problèmes du XXIe siècle. Du côté de la Chine, c’est le refus, elle préfère se tourner vers la Russie. Ce refus est lié au fait que pour les USA, les bombes sont le meilleur moyen de résoudre les problèmes de la planète, alors que la Chine y voit une démonstration de la faillite  de l’intelligence humaine. C’est aussi pourquoi la Chine et la Russie ont opposé leur véto sur le problème syrien.

  La guerre de Syrie a davantage poussé au réarmement de la Russie et au rejet de l’accord de désarmement signé un an auparavant avec les USA. Pour la période 2011-2020, le budget pour l’armement Russe est voté à 665 milliards de dollars pour construire 5 véhicules spatiaux, 21 systèmes de défense par missile, 36 bombardiers, 109 hélicoptères de combat, 3 sous-marins nucléaires puissants pouvant aller à 10 000 km de distance, des missiles intercontinentaux. L’occident en crise ne peut plus se doter de telles armes parce que les prêts  pourraient avoir des taux d’intérêts élevés. Cette guerre met davantage l’Europe hors jeu car la Russie et la Chine s’y était opposée, et l’Europe l’a malgré tout engagé. La Russie a réagit en dissolvant le pacte de Varsovie signé avec l’Union Européenne. Le nouveau centre du monde actuel se construit en Asie. Et l’Afrique n’a rien à perdre dans cette nouvelle configuration mondiale. Les africains doivent s’unir, se former afin de s’insérer dans cette nouvelle configuration mondiale qui se dessine à l’horizon.

 

  Une autre stratégie pour exploiter l’Afrique ce sont les ONG

Avigdor Lieberman, Ministre israélien des affaires étrangères mène l’initiative en janvier 2011 pour savoir l’origine des financements des associations et des organisations non gouvernementales opérant sur son territoire. Il en revient à la conclusion selon laquelle « la plupart des ONG (Organisations Non Gouvernementales) qui parlent des droits de l’homme n’étaient  en fait que de simples succursales de services secrets étrangers lorsqu’elles ne sont pas tout simplement « complices de la terreur » », avait-il conclu. Jean Paul Pougala conclut que les ONG qui sont réputées pour leur caractère non gouvernemental sont le plus souvent issues des gouvernements. Le cas d’Amnesty international dirigé par Suzanne Nessel est assez évocateur. Elle est appelée aux affaires par Barrack Obama et devient l’Assistante de la secrétaire d’Etat Hilary Clinton. Perçu sous cet angle, le continent africain qui a 50 ans d’ONG dans son sein ne peut donc pas se développer si de tel organisme sont installés en son sein. Car ces ONG venues des pays endettés de l’Europe ne pourront pas aider les africains à se relever quand la misère devient de plu en plus rampante chez eux. Les vrais objectifs sont : détourner l’attention des africains, salir l’image de l’Afrique, faire comprendre que l’Afrique ne vaut rien avec un continent maudit par la pauvreté et des chefs d’Etat incapables. L’avidité croissante et l’ignorance sont les maitres mots qui ont permis le développement de l’espionnage étranger dans toutes les couches de la population. Malheureusement, il n’existe pas en Afrique des dispositifs de contre-espionnage. Au contraire certains africains agissent comme espions pour le compte des puissances occidentales. Pour y remédier, les Etats devraient interdire toutes les associations dont le financement est extérieur. La fédération des Etats est un moyen le plus sûr d’imposer une grande transparence dans les relations avec les autres pays du monde. L’Afrique a besoin d’une coopération d’Etat à Etat et non avec les ONG.

  Il faut aussi déplorer certains chefs d’Etat africains qui sont là pour servir la cause occidentale. C’est le cas du président Abdou Diouf qui accepte présider des associations et institutions bidons telles que la Francophonie qui pérennise la soumission avec la vulgarisation de la langue de l’autre. S’agissant de langue, le Swahili devait être utilisé comme langue commune africaine comme voulu par Alpha Oumar Konaré jadis président de la commission de l’Union Africaine. Pour Jean Paul Pougala, nous devons multiplier les langues internationales, parler les langues nationales dans les grandes institutions.

  La monnaie elle aussi participe à cette domination occidentale. Pendant que les pays du nord se battent pour sortir de la zone franche, les Etats du sud y demeurent. Toutes ces pratiques ont contribué à la spoliation de l’Afrique et lorsqu’un président décide de mettre fin à ces mascarades, on l’appelle dictateur. Les démocrates sont ceux qui se soumettent à l’occident et peuvent recevoir l’exil de ces derniers. Laurent Gbagbo fait parti de ceux qui ont refusé de servir les intérêts occidentaux d’où son inculpation.

 

La Chine comme exemple à suivre

La présence de la Chine a remodelé les frontières africaines à travers les élections qui se sont déroulées en 2011. Les  occidentaux  ont pris la Côte d’ivoire, la Zambie et le Liberia tandis que les chinois ont pris la RDC (République Démocratique du Congo), le Cameroun. Pour le cas du Cameroun, on signale la pose de la première pierre du port en eau profonde de Kribi sous la présence de pékin, un seul jour avant les élections. On note aussi la création de la SITRACO pour la transformation du coton destiné aux hôpitaux par la chine au Cameroun, évaluée à 1.6 milliards de francs CFA. Le Cameroun selon l’auteur fait le meilleur choix. Le déclin de l’occident devrait nous être profitable. Nous devons défendre notre continent, nos dirigeants et passer de l’Etat-nation à l’Etat continent.

  La diaspora peut nous être utile ?

L’auteur pense que celle-ci sera d’une contribution importante pour le développement du continent. S’ils occupent des postes clés et des moyens financiers pour aider le continent. Pour cela, il faut :

o          Mobiliser la diaspora pour le retour au bercail afin de venir créer les entreprises

o          Eduquer les citoyens sur la gestion de l’Etat afin qu’ils aient de l’expérience

o          Mener une vie communautaire dans les lieux où ils se trouvent.

o          Sur le plan continental, il faut que l’Union Africaine récence tous les cerveaux dans tous les domaines pour un développement panafricain dans presque tous les domaines (cinéma, finance…)

L’Inde a suivi cet exemple. Mittal Lakshm est le 8é fortuné du monde avec 28,7 milliards de dollars. Il a doté son pays de 43 avions airbus à l’Indian Airlines, des satellites pour les chaines de télé.

  La Chine est puissante grâce à sa diaspora. Den Jiaxian est celui qui  a doté son pays de la bombe atomique après avoir étudié à l’université d’Indiana aux USA à 26 ans. Qian xuesen a doté son pays du premier missile de l’industrie aéronautique. Beaucoup de contributions pareilles ont été faites dans la neurophysiologie. Les pays africains peuvent en faire autant et surtout, il faut que les gouvernements leur donnent des moyens.

  Le mérite de l’œuvre

L’ouvrage de Pougala vaut son pesant d’or dans cette Afrique meurtrie et dominée dans tous les sens par le néocolonialisme. L’auteur interpelle trois couches sociales à savoir :

ü     La jeunesse d’abord qui doit être suffisamment remodelée afin de ne plus être bernée ou manipulée par l’éducation et les medias.

ü     Les pouvoirs publics qui doivent s’évertuer à travailler pour la prospérité de leurs peuples. Ils doivent suivre la voie de la Chine qui a longuement travaillé dans ce sens.

ü     La diaspora qui a un savoir à offrir au continent pour son décollage.

Jean Paul Pougala, malgré le fait qu’il soit un laudateur de la Chine, un de ces intellectuels  qui poussent le cri de guerre pour un réveil de conscience. Il se démarque de ces intellectuels Bourgeois qui, du haut de leur piédestal  chantent sans toutefois poser des actes concrets. Il est différent en ce sens qu’il a beaucoup voyagé et les expériences acquises au cours de son voyage, il vient les partager avec ses concitoyens. Il est enseignant de géostratégie à Douala et anime un site web où plusieurs jeunes lui posent des questions sur les nouveaux conflits mondiaux.