Leçon: contexte de naissance et définition du panafricanisme

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Introduction

Le panafricanisme s’est imposé au cours de l’histoire comme la principale idéologie ou philosophie de développement du peuple africain. Cette idéologie a franchi des étapes et s’est enrichie au fur et à mesure qu’elle avançait. Il est urgent de savoir ce qu’est le panafricanisme, et de savoir son contexte de naissance.

I-                   Contexte de naissance du panafricanisme

L’idée du panafricanisme nait avec les premières déportations à la fin du XVe siècle. Les négriers pourchassent et attrapent les africains à travers le continent noir. Une fois en Amérique, une conscience de race se crée et se renforce. Les noirs se rendent compte que c’est au nom de la race qu’ils sont réduits en esclavage. Cette conscience est d’autant plus vivace que les négriers attrapent en même temps les intellectuels, les rois et les simples citoyens. Le rôle des intellectuels et des philosophes nègres attrapés devait avoir un impact considérable dans cette conscience de race. Le rapport de force leur étant très défavorable, les révoltes des noirs aux premiers siècles des razzias seront toutes écrasées. Mais ils parviennent à maintenir cette idée de ressortir d’un même endroit, et malgré les brimades, ils font rayonner beaucoup d’éléments de leur culture, maintiennent dans les consciences cette idée de destin commun. Parmi les éléments culturels africains qui survivent en Amérique pendant la longue période des razzias, nous avons les musiques comme le negro spiritual ou la religion comme le Vaudou.

Si pendant les premiers siècles des razzias les révoltes nègres étaient presque toutes écrasées (San Miguel, Gaspar Yanga…), le XVe et le XVIIIe siècle voient la multiplication des révoltes de plus en plus violentes : Rébellion de Stono, Conspiration de New-York… La victoire de la révolte de Saint Domingue et la proclamation de la République d’Haïti renforce les révoltes nègres qui se multiplient. Les nègres, dans le sang et la souffrance, imposent par les armes leur liberté aux négriers. Mais ils sont confrontés à une nouvelle réalité, qui est le racisme. Malgré leur héroïsme, ils sont traités en sous-hommes. Les penseurs européens élaborent des pensées faisant d’eux des barbares. Parmi ces penseurs européens se trouvent Gobineau qui écrit son traité de l’inégalité des races, faisant de la race noire la race inférieure. Hegel pense que : « le nègre représente l’homme naturel dans toute sa sauvagerie et sa pétulance ». Il ajoute que la philosophie a contourné l’Afrique. Le nègre n’est donc pas capable de pensée logique. Kant pour sa part pense que les nègres sont si bruyants qu’il faut les disperser à coups de bâtons. Il affirme que le nègre n’a rien produit qui ne s’élève au-dessus de la niaiserie. Lévy Brühl estime que le nègre est doué de mentalité prélogique et mystique. Il n’a donc pas encore atteint le niveau de la raison. Au-delà des penseurs, dans les Etats d’Amérique, les noirs sont assassinés impunément, et les lois sont contre eux. Ce qui provoque la réaction des intellectuels africains, qui pensent une philosophie de défense du noir. Les Africains se rendent compte qu’il faut unir tous les noirs pour pouvoir conquérir une liberté véritable.

Si l’idée du panafricanisme nait dès les premières razzias, le terme panafricanisme quant à lui est apparu à la fin du XIXe siècle. A cette époque, presque toute l’Afrique noire est sous domination européenne. Devant la pression des noirs américains, les Etats-Unis créent la Société Américaine de Colonisation pour le retour des anciens esclaves en Afrique. Cette société crée l’Etat du Libéria et certains anciens esclaves y retournent. En 1900, ils sont 20.000 sur une population de plus d’un million d’habitants. Mais le Libéria ne résout pas le problème du racisme qui reste entier. Le panafricanisme est donc fondamentalement une réaction au racisme dont sont victimes les noirs, ce que Amzat Boukary Yaraba appelle le pan-négrisme. A ses débuts le panafricanisme vise l’union des noirs, qui sont victimes de la ségrégation et de la barbarie blanche. Le panafricanisme va évoluer pour ne plus seulement intégrer les nègres.

II-                Quelques définitions du panafricanisme

Plusieurs définitions ont été données au panafricanisme. Le panafricanisme est globalement un mouvement et une idéologie politique, économique et socio-culturelle qui recherche l’unité du peuple africain, et l’unité du continent africain. Il prône la solidarité entre les Africains et les descendants d’Afrique qui sont hors du continent. Le panafricanisme vise à unir les africains du continent et de la diaspora pour former un vaste Etat africain, ou une grande nation africaine. Le panafricanisme est formé de deux parties : pan, qui signifie union, et africanisme qui a trait aux Africains.

Pour Georges Padmore : « L'idée du panafricanisme surgit d'abord comme une manifestation de solidarité fraternelle entre africains et peuples d'ascendance africaine. » Cette définition de Georges Padmore rejoint la définition originelle du panafricanisme, qui est une philosophie visant à unir les Africains du monde entier.

Amzat Boukari-Yabara va dans le même sens et affirme : « Le panafricanisme est l’idée d’une solidarité entre les peuples africains ».

William Dubois s’éloigne de cette idée de solidarité des peuples africains et centre le panafricanisme sur le nègre. Il définit le panafricanisme comme «la centralisation de l’effort racial et la reconnaissance d’une souche raciale. »

Conclusion

Le panafricanisme nait d’une situation critique. Il nait de la souffrance, et il s’est nourri de la souffrance. Il est une réaction des Africains pour conquérir leur dignité, en étant ensemble. Au début, le panafricanisme vise l’union des noirs, mais dans son évolution, Kwame Nkrumah va révolutionner le mouvement panafricaniste et l’étendre à tous les peuples africains, qu’ils soient noirs ou pas. La nécessité de cette idéologie l’amène à se structurer par l’organisation de grandes conférences panafricaines.