Déclaration de la LIMARA sur la lettre du président français Emmanuel Macron adressée à son homologue camerounais Paul Biya
Déclaration no 0009 du 15 août 2025
La LIMARA prend acte de la lettre adressée par le président français Emmanuel Macron à son homologue camerounais Paul Biya, dans laquelle il reconnaît des faits historiques liés à la guerre coloniale menée par la France contre le peuple camerounais dans les années 1950-1970.
Cette reconnaissance, qui se veut présentée comme un acte inédit, n’est pourtant pas une révélation. Elle n’est que l’aveu de ce que tout le monde sait déjà et que la France ne peut plus nier tant les preuves l’accablent.
*1- Une reconnaissance arrachée, non offerte*
Contrairement à ce que voudrait faire croire Emmanuel Macron, cette reconnaissance n’est pas le fruit d’une quelconque « commission d’historiens » qu’il aurait mise en place. Elle est le résultat direct :
De la pression incessante des populations camerounaises,
du travail acharné de chercheurs de renom tels que Richard Joseph, Mongo Beti, Thomas Deltombe, Manuel Domergue ou Jacob Tatsitsa,
de la mobilisation constante de la société civile et de certains partis politiques camerounais,
qui ont, preuves à l’appui, mis en lumière les atrocités commises.
Cette dynamique a forcé les présidents français successifs, de François Hollande à Emmanuel Macron, à se prononcer sur cette période sombre. Ce n’est pas un geste de bonne foi, c’est une concession contrainte par la vérité.
*2- Une continuité dans la logique de guerre*
Cette reconnaissance s’inscrit dans la même logique que celle qui animait la France pendant cette guerre :
La France n’a jamais voulu négocier avec les combattants de la liberté camerounaise.
Au lieu d’ouvrir un dialogue avec l’UPC, qui luttait pour une indépendance authentique, elle avait choisi d’anéantir les résistants et d’octroyer l’indépendance à des dirigeants sous son contrôle.
Aujourd’hui encore, elle adresse ses excuses à un gouvernement qu’elle influence et soutient, et non au peuple camerounais ni aux représentants de l' UPC véritable qu’elle a combattue.
Le choix d’Emmanuel Macron de s’adresser à un régime contesté, responsable d’avoir plongé le Cameroun dans l’abîme, relève de la provocation. Ce geste ne vise pas la justice, mais la perpétuation d’un système.
*3- Les conditions d’un dialogue sincère*
Si Emmanuel Macron souhaite réellement tourner la page, il doit demander à son homologue camerounais :
de reconnaître et légaliser pleinement les partis politiques se revendiquant de l’UPC, en particulier la LIMARA et l’UPC-MANIDEM,
de mettre fin à l’usurpation du sigle UPC par des groupes ne représentant pas la véritable tradition du mouvement.
On ne peut reconnaître des crimes à un régime qui nie l’existence même de ceux qui se revendiquent continuer le combat des victimes historiques.
*4- La France joue un jeu dangereux en Afrique*
La France commet une grave erreur en pensant qu’une reconnaissance partielle de ses crimes suffirait à apaiser un peuple africain qui n’a plus d’illusions sur elle.
Les Africains n’attendent ni sa reconnaissance, ni ses réparations : qu’elle garde tout cela. La seule chose qu’ils exigent est que la France parte avec les régimes qu’elle a imposés et qu’elle continue de protéger à travers le continent.
Tant que la France s’accrochera à ses hommes de paille en Afrique, toute prétendue réconciliation ne sera qu’un trompe-l’œil. La condition préalable à toute entente véritable est claire : Que la France parte avec ses présidents imposés et laisse aux peuples africains le droit de choisir librement leurs dirigeants.
*5- La détermination du peuple camerounais*
Si Emmanuel Macron et la France persistent dans cette logique de guerre, ils trouveront toujours face à d'eux un peuple camerounais résistant : un peuple meurtri, humilié, mais debout, qui continue et continuera à se battre pour sa liberté.
Pour la LIMARA,
Le Président Yemele Fometio




