Contractuels d’administration : Les vacataires aussi !
Aujourd’hui au Cameroun, les établissements scolaires publics sont pleins d’enseignants vacataires au statut précaire. Et ce, malgré leurs diplômes et leurs performances pédagogiques. Il y a urgence d’une solution définitive et satisfaisante à ce problème.
Cyrille Hamidou, diplômé de l’enseignement supérieur, est enseignant vacataire dans un lycée des Hauts-Plateaux à l’Ouest Cameroun. Il a un salaire de 35.000F par mois pour 22 heures de cours par semaine. La situation n’est guère meilleure pour Pierrette Donfack, titulaire d’un Master I et enseignante d’Anglais dans un lycée du Wouri. Elle gagne 30.000F pour 20 heures de cours par semaine. Les cas semblables à ceux de Hamidou et Donfack sont nombreux dans le pays. La moyenne des salaires des enseignants vacataires se situe entre 30.000 et 35.000F par mois. C’est à peine de quoi assurer sa ration alimentaire mensuelle. Pour même réussir à se nourrir avec cette somme, il va falloir prendre des arriérés pour la location de la maison où on habite, les sociétés de ravitaillement en électricité et en eau et les transporteurs. Ce qui suppose aussi accepter d’être hébété, résigné et impuissant face au moindre mal de tête, avec les conséquences tristes qui peuvent en découler. Pourtant ces citoyens ont été formés à prix d’or par leurs parents. Ces derniers se voient à nouveau obligés de continuer de les soutenir financièrement même après leur formation académique. Cette situation amène à se demander ce qui ne va vraiment pas dans le système éducatif camerounais. Pourquoi les vacataires qui fournissent le même travail que leurs collègues, et parfois plus, ne peuvent pas purement et simplement être enrôlés dans la fonction publique comme fonctionnaires ? L’Etat, qui a aussi pour fonction régalienne d’assurer l’éducation des citoyens et de redistribuer les revenus, peut et doit recruter ce personnel pour des raisons suivantes :
Au nom de l’équité et de la justice sociale Quand les bacheliers camerounais s’inscrivent dans les Universités d’Etat, leur objectif est d’y recevoir une formation de qualité pour avoir un emploi au terme de cette formation. Théoriquement, aucune discrimination ne jonche leur parcours jusqu’à l’obtention de leurs diplômes (Licence, Master et Doctorat). Mais à la fin de leur cursus académique, l’équité cède rapidement place à l’injustice dès qu’on parle emploi, donc, rémunération du travail intellectuel. Dans le secteur public, seuls quelques-uns sont retenus. Certains services étatiques recrutent quelques-uns de ces formés comme ‘’contractuels d’administration’’. D’autres, qui sont pourtant dans le besoin comme le Ministère des Enseignements Secondaires, recrute plutôt ces diplômés comme vacataires avec des salaires de suicide. Il y a une injustice qu’il faut réparer au plus vite. Car ces diplômés des grandes écoles n’ont pas moins de connaissances scientifiques et techniques à faire valoir que les contractuels des autres services et ministères ou encore des fonctionnaires de l’Etat. Les vacataires n’ont rien fait pour mériter ce sort. Au contraire, dans l’optique de gagner chaque jour la bataille contre ce phénomène social rampant qu’est le chômage, ces vacataires peuvent être contractualisés. Ils ne demandent d’ailleurs qu’à entrer dans le portefeuille de l’Etat.
Au nom de la lutte contre le chômage
Il y a environ trois ans, les pouvoirs publics lançaient une opération inédite : le recrutement de 25.000 jeunes dans la fonction publique de l’Etat. Avant cela, les mémoires ne se rappelaient que des 1500 et 1700 diplômés de l’enseignement supérieur recrutés à l’initiative du Chef de l’Etat dans les années 1983 et 1985. Pour l’opération 25.000 jeunes dans la fonction publique, la radio avait annoncé le chiffre de plus de 356.000 postulants ! Même comme nos compatriotes de la diaspora étaient concernés par cette mesure, on doit lire dans ce chiffre (356.000) l’ampleur du chômage qui frappe les jeunes en général et les jeunes diplômés en particulier. Seuls 25.000 ont eu la chance d’être retenus, soit 7,02% de ces demandeurs d’emplois. Nous ne soulignons pas ici la maffia qui a entouré cette sélection et les salaires déshonorants que la plupart des sélectionnés ont reçu. Nous pensons qu’un geste de haute valeur patriotique peut pousser aujourd’hui cette proportion à 20%, soit le 1/5ème des demandes de 2010 mais en orientant l’appel d’offre vers les nombreux vacataires qui représentent plus de 60% des enseignants secondaires.
Au nom de l’école de qualité
Les vacataires interviennent dans l’enseignement dans toutes les disciplines et évaluent. Ils assument des fonctions administratives, puisqu’ils sont parfois Animateurs pédagogiques et Professeurs principaux. A ce titre, ils animent les conseils d’enseignement entre autres tâches, calculent les moyennes des élèves et en élaborent les rapports et synthèses statistiques. En bref, ils sont de la même utilité que les enseignants fonctionnaires. Ils œuvrent aussi à élever les taux de réussite dans les établissements. A ce dernier sujet, il faut le dire, certains interviennent avec efficacité aux examens officiels en corrigeant les copies ou en surveillant. Les vacataires forment ainsi un maillon important dans cette chaîne que nous appelons école de qualité. Il est donc clair que, si les pouvoirs publics se penchent favorablement sur ce dossier, leurs salaires, qui doivent équivaloir à ceux des contractuels des autres ministères, constitueraient une allocation de chômage utilitaire pour ces vacataires qui, hélas, ont un statut précaire.
Par Tchaptchet René