Pourquoi entrer si tôt en politique ?

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Depuis le lancement de notre parti politique sur les réseaux sociaux en mai 2018, cette question ne cesse de revenir. Elle est doublée d’une autre : Pourquoi n’avoir pas adhéré à un parti existant au lieu de créer un parti de plus sur une scène politique camerounaise saturée par presque 400 partis politiques. Ces questions sont légitimes et expriment les préoccupations d’un peuple qui souhaite voir une mutualisation des forces de l’opposition pour affronter et déloger le pouvoir tyrannique de Paul Biya. Tout nouveau parti politique, toute tendance à disperser les forces apparait aux yeux du peuple comme une trahison. Je réponds à ces deux questions dans cet article.

Plusieurs raisons justifient notre entrée tôt sur la scène politique camerounaise. Précisons néanmoins qu’à notre âge nos héros avaient déjà fait des prouesses et que Mouammar Al Kadhafi prends le pouvoir en Libye à 27 ans. Et s’il fait un coup d’Etat à 27 ans, cela suppose qu’il a mis au moins 4 ans pour le préparer ou du moins préparer sa prise de pouvoir. Alors, nous ne sommes pas jeunes comparés à son cas et à plusieurs autres cas comme Félix Moumié, Thomas Sankara, Steve Biko, Martin Singap. Nous sommes jeunes comparés à la scène politique nationale de notre temps qui est dominée par des vieillards. Mais apportons une réponse à cette question de notre jeunesse. Je serai plus concentré sur moi, en évoquant de temps en temps le cas de mes camarades. Mon entrée rapide sur la scène politique camerounaise est liée à mon entrée rapide dans la société civile camerounaise. C’est cette société civile qui a forgé le politicien que je suis devenu. En 2000, à l’âge de 9 ans, je faisais déjà partir de la JESCOBA (Jeunesse Estudiantine et Scolaire Bafou), branche de mon quartier Zemtsuet. Bien que je n’y jouais pas un grand rôle, cette organisation formait déjà en moi l’embryon du leadership. En 2002 à l’âge de 11 ans, j’avais adhéré à l’AJELEPOHD (Association des Jeunes pour le Développement du village Lepoh). C’est dans la troupe théâtrale de cette association dirigée par le cinéaste Dongmo Boris que je prends mon premier poste de responsabilité en tant que secrétaire général. A l’époque j’ai 15 ans. Mais la troupe sera de courte durée. En 2007, tout bascule quand j’adhère à l’AUDA (Association pour l’Unité et le Développement de l’Afrique). Cette année, le professeur Jean Emmanuel Pondi, à l’époque directeur de l’IRIC (Institut des Relations Internationales du Cameroun) tient une conférence publique à l’Alliance franco-Camerounaise de Dschang. Je suis en classe de Terminale et j’ai 16 ans. Comme toutes les autres conférences tenues dans la ville, j’y participe. Elle porte sur Thomas Sankara. A la fin de la conférence, les participants témoignent leur volonté de créer une association pour discuter des grands problèmes de l’Afrique. J’adhère au projet et devient membre de l’AUDA. Nous organisons des conférences, chaque dimanche nous faisons la revue de la presse suivie d’un débat à notre siège. Nous prenons une émission à la radio campus de l’université de Dschang que j’anime. Nous multiplions des expositions, des investissements humains. Ma détermination dans l’association m’ouvre les portes de son administration. Quelques mois après mon arrivée, je suis trésorier par intérim de l’association, puis chargé d’animation et vice coordonnateur. Je suis également membre de ASA (Action Sociale Africaine), une autre organisation qui milite pour l’unité de l’Afrique. C’est dans ces deux organisations que se forge le politicien que je suis devenu. En plus de ces deux organisations, j’adhère à l’ADDEC (Association pour la Défense des Droits des Etudiants du Cameroun). A l’Université de Maroua, sous mon impulsion est créé le club Union Africaine de ladite université. Parallèlement, j’adhère au club environnement et au club poésie de ladite université. En 2013, quelques amis et moi créons à Maroua la Ligue Associative Africaine. Constamment sur le terrain, je me forme et forge une personnalité. Injurié par les uns et apprécié par les autres, je forge le militant politique que je suis devenu. Tous mes camarades avec qui nous créons la LIMARA trainent de telles expériences, parfois plus riches.

En 2014 après plus de 14 ans de militantisme dans la société civile, mes camarades et moi commençons à réaliser les limites de la société civile. Pendant 14 ans de militantisme, j’ai l’impression de n’avoir pas été assez utile à mon peuple. Nous nous sommes limités aux conférences, aux propositions, mais la situation s’est empirée entre temps. Notre pays a amorcé une descente aux enfers. La misère sociale, le chômage, le tribalisme font rage. Il devenait urgent de mettre sur pied une organisation plus pragmatique et plus déterminée. Il devenait urgent de mettre sur pied une organisation politique, un parti politique. Nous réalisons que le seul moyen de changer les conditions de vie de notre peuple et placer notre pays au rang des grandes puissances mondiales est de prendre le pouvoir politique.

Concernant l’aspect d’âge, l’histoire nous apprend que ceux qui ont changé le monde ont commencé très tôt à travailler pour ce changement. L’histoire nous enseigne aussi des cas de personnes qui se sont engagés plus tôt que nous. La plupart des héros africains que nous célébrons sont entrés en politique à notre âge, parfois plus jeunes que nous.  A la trentaine, la plupart des héros africains avait derrière eux un long et glorieux passé de leader politique.

La principale raison de notre entrée sur la scène politique camerounaise est la situation dramatique de notre pays. Depuis son accession à l’indépendance, notre Patrie est gangrénée par de multiples problèmes qui nous ont conduits à un marasme économique, social et politique. Les régimes qui nous ont dirigés jusqu’ici n’ont pas mis sur pied de politiques efficaces pour faire de nous un peuple fier et fort et pour faire de notre pays une Nation souveraine, forte et imposante. Des villages et villes entiers n’ont pas accès à l’électricité et à l’eau potable. Notre réseau routier est obsolète. Nos plans d’urbanisation datent des années 1960. Le chômage est criard au pays. Presque toutes les entreprises nationales sont privatisées. Notre système judiciaire est à refaire complètement. Nos universités manquent de laboratoires. Notre balance commerciale est chaque jour plus déficitaire. La mainmise étrangère sur le pays se fait chaque jour plus forte. Nous avons un sérieux manque d’infrastructures. La corruption a envahi tous les secteurs de la vie nationale. Une telle situation ne laisse pas un révolutionnaire indifférent. Devant une telle situation, même s’il n’est pas âgé, il doit faire des mutations profondes pour apporter des solutions aux problèmes que subit son peuple. Dans ce cas l’âge importe peu. Le plus important est la solution aux problèmes cruciaux de l’heure. C’est ce fait qui a anticipé notre entrée en politique.

La solution à la situation actuelle de notre pays est révolutionnaire et exige des hommes
capables de redonner vie au peuple. C’est ce qui nous a amené à créer la LIMARA (Ligue des
Masses Révolutionnaires Africaines). Nous nous sommes fixés une mission. Il ne fallait plus attendre. Il fallait se jeter
, travailler, œuvrer pour faire naitre la Patrie. Dans cette grande aventure où nous nous jetons et où nous jetons des milliers de camerounais germera les sources de vie neuves. Dans cette croisade contre la misère naitra les meilleures conditions de vie pour notre peuple.