La banane camerounaise au secours de l’éducation

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La banane est un produit parmi les dizaines de denrées qui sont cultivées dans notre pays et exportées sans que les retombées puissent profiter aux compatriotes comme cela arrive partout ailleurs dans le monde. Un pan de voile est levé sur ce que pouvait rapporter la banane si des taxes étaient perçues.

Le Cameroun est le premier producteur et exportateur de banane au monde avec une production évaluée par les producteurs eux-mêmes à près de 250.000 tonnes par an. Avec une minable taxe par kilogramme de banane exportée de 10fr, on récolterait dans nos caisses la rondelette somme de 2.500.000.000F Cfa. Cette somme peut permettre à l’Etat, soit de construire des écoles, soit de réévaluer la rémunération des enseignants vacataires en attendant leur prise en charge que nous réclamons de tous nos vœux depuis longtemps. S’agissant de la construction des écoles, en évaluant la salle de classe à 9 millions comme l’Etat, on aurait ainsi chaque année, 270 salles de classe, soit plus de 60 écoles par an ! En convertissant cette somme pour l’appui annuel aux vacataires, on aurait pour les 40.000 vacataires actuellement en activité avec 62.500fr par personne. 

Très paradoxalement, cette position enviée et enviable ne profite en rien au trésor public. En effet, il est de notoriété publique connu que les multinationales ne paient pas les impôts dans les pays du tiers-monde ou tout au moins ceux qui n’ont pas de souveraineté. Ils sont champions dans l’art de l’optimisation fiscale. Cette technique consiste à surfacturer les intrants importés et à sous facturer les denrées exportées. Ils sont dans ces cas toujours déficitaires et ne peuvent payer, ni la TVA, ni les impôts. Cet état de  faillite devait logiquement conduire à leur fermeture, mais ils sont là, on constate qu’ils se portent bien, mais ils déclarent le contraire. La pression fiscale est tournée vers les pauvres  citoyens qui ne demandent qu’à bien vivre heureux dans leur pays. Le redressement fiscal et tout ce dont sont accablés nos compatriotes n’existent pas pour nos multinationales qui se font du beurre sur le dos du peuple camerounais. Installés sur de vastes étendues de terre acquises gratuitement, la moindre des choses serait de payer leurs impôts tout simplement. En revenant sur 20 ans d’impôts ou de taxes seulement (10fr le kilogramme seulement), le Cameroun pourrait équiper tous les hôpitaux régionaux de microscopes électroniques ou de scanners, avoir 10 lycées techniques de référence, 5 facultés de médecine, 5 usines d’engrais, etc.

Paul  Eric Kingue a eu raison quand il exigeait les impôts de ces sociétés. Mais le triste sort qu’il a reçu reste particulièrement révoltant. Les exploitants de thé, d’hévéa, de coton etc. doivent également apporter leur contribution au bien-être national au risque de nationalisation. Il serait impensable de voir en occident un pays souffrir alors que des gens transfèrent ses capitaux tous les jours vers l’extérieur. A cette allure, il y a tout lieu de croire que la non taxation des produits agricoles est venue du fait que les plus gros exploitants étaient bien les détenteurs de vastes propriétés de monocultures toujours tenues par les étrangers. De là à dire que le Cameroun est sur la même longueur d’onde que l’Afrique du Sud ou le Zimbabwe, il n’y a qu’un pas vite franchi. Il y a eu main basse sur les terres les plus fertiles du Cameroun, on voit encore des espaces être occupés 50 ans après les indépendances par les jeunes plants d’hévéa dans le littoral et le sud-ouest ! Bien que premier producteur et exportateur de banane au monde, le Cameroun ne tire pas profit de cette denrée. Les vastes plantations qui font de lui le premier exportateur ne lui appartiennent pas. Et les propriétaires ne lui versent pas des taxes.