Note de lecture : ŒUVRE : Nos tristes paradis AUTEUR : Soussia Pièrre
I- Analyse du paratexte
Nos tristes paradis est un recueil de 64 poèmes contenus dans un livre de poche de 122 pages.
1- La première de couverture
La couleur dominante est la couleur noire qui sert peut-être à exprimer la tristesse. La première de couverture est divisée en 3 parties disposées de manière horizontale. Au sommet, on aperçoit un ciel étoilé, avec une lune qui étend ses rayons. La lune traduit peut-être l’auteur qui agit comme un phare dans la société, ou un messager qui éclaire. La taille imposante de la lune traduit la force et la grandeur de l’espoir. A gauche de cette partie, on peut lire Récital. Il s’agit d’une rubrique de la maison d’édition Oasis Preries chargée des poèmes, contes et tout ce qui peut être récité. La seconde partie est un ensemble de losanges laissant apparaître le monde. Ces losanges ressemblent à l’organe génital féminin accouchant le monde. En bas de cette partie, on peut lire le nom de l’auteur. La troisième partie est encore dominée par la couleur noire qui semble traduire cette fois la victoire puisqu’il y a des feux d’artifice en bas de cette partie. Sachant que ces feux d’artifice célèbrent la joie et les événements heureux, on peut dire avec peu de chances de nous tromper que l’auteur célèbre la naissance d’un monde nouveau fait d’espoir. En haut de cette partie se trouve le titre de l’œuvre suivi de son genre littéraire (la poésie). A droite se trouve la maison d’édition Oasis Preries.
2- L’auteur
L’auteur de l’œuvre est Soussia Pièrre. A l’analyse de la première de couverture, on peut, sans risque de se tromper, le classer parmi les écrivains engagés. Cette idée est confortée par les extraits de poèmes à la quatrième de couverture « Le soldat périt en guerre / Et ceux que sa mort engraisse / Ne le savent pas ». L’auteur n’a pas voulu parler de lui.
3- La quatrième de couverture
Au lieu d'une présentation de l'auteur comme dans plusieurs œuvres et ouvrages, on voit plutôt des extraits de poèmes qui font allusion à la politique. L’auteur parle d’un militaire mort qui s'était cru patriote, et dont la mort engraisse certains, de la volonté de fuir « vos » tristes paradis et aller vers tant de délices. Il parle du drapeau qui fouille tout le temps les raisons de sa triste et perpétuelle pendaison. Tout ceci touche à la politique. Nous savons que l'auteur est un politicien dans son pays le Cameroun. Il est l’un des dirigeants du parti politique LIMARA (Ligue des Masses pour la Renaissance Africaine). Il vit à une époque où son pays traverse plusieurs crises politiques, où les soldats sont envoyés chaque jour à la mort pour défendre le pays. Parmi ces crises, on note la guerre de Sécession dans les deux régions anglophones, les attaques de la secte islamique Boko Haram, les attaques de la frontière Est du pays, les attaques des coupeurs de route dans la région de l’Adamaoua, une dictature militaire du pouvoir central sur les civils et une répression de l'opposition. L'auteur aurait été influencé par toutes ces crises politiques. En choisissant les extraits de poème au lieu de sa biographie, il veut que l'on se concentre sur ses idées et non sur lui. Il veut s’effacer pour laisser ses idées parler à sa place.
4- La dédicace
L’œuvre est dédiée à WILLY’EM Olivier. Il s’agit peut-être du petit frère de l'auteur ou d'un proche moins âgé que lui puisque la dédicace est suivie de « Dors, petit frère/ Dors paisiblement ». Avec ces deux verts, on peut affirmer que celui à qui l’œuvre est dédicacé est déjà décédé. Il a sûrement beaucoup compté pour l’auteur.
5- Etat d'âme de l'auteur
À la lecture de la première et de la quatrième de couverture, nous pouvons affirmer que l’état d’âme de l'auteur est troublé, avec un mélange de l’espoir et du désespoir. Espoir de bonté dans un monde désespéré. Ses vers sont en prose, d’inégale longueur. Certains poèmes comme « ivresse » ne sont même pas en vert. Ce sont carrément des textes. Tout ceci traduit l’état d'âme troublé de l'auteur. A la rigueur, il est un rebelle. Il a envie de parler, de dénoncer. On n’est pas en présence de l’art pour l’art, mais de l’engagement littéraire.
II- Les citations dans l’œuvre
- Comment trouver un repère en ce monde qui, désespérément, cherche repère ?
- Mon cœur est surchauffé, ma langue est en feu. Ma bouche brûle de dire. Comment me taire et rester en vie. Que ma bouche amère arme et tire.
- Ô ma plume enflammée ! crache du feu, car j'en mange et j'en brûle.
- Un seul homme s’est affranchi / Et s’est levé un peuple / Pour son fier périple.
- Heureux les pauvres / S’ils assassinent leurs maitres / Car une terre de liberté les attends.
- Des balles qui sifflent / Des corps qui tombent / Des âmes que l'on rend dans la douleur / Des cris posthumes / Et Jah que l'on surprend tout déchiré / Dans le cœur des femmes / Quand les hommes font la guerre pour rien.
- Le voleur étant très fort, les victimes ont tort
- Les sages et les mages / Du grand village / s’égarent et se tarent / Se tarent et égarent / leur grand village.
- Les sages et les mages bêlent / Le village les suit sagement / Sur la voie idéale de l'égarement / Et la mort se charge des âmes rebelles.
- La patrie est une bête féroce / L’hymne est son cri / Le drapeau son pelage / Le peuple sa proie.
- Il y a cinq grands bandits / Qui tiennent un conseil permanent / Pour manger la sécurité mondiale.
- Quand les cerveaux anesthésiés nient le jour / Le canon pense et la poudre parle / Les balles chantent et les corps dansent / Et tombent dans la même transe inutile.
- Si seuls / Dans la foule de tous ces bras / Qui ne savent plus entourer / Devant tous ses yeux / Qui ne savent plus voir / Tous ces cœurs qui ne sauront plus jamais aimer/ Si seuls dans une foule qui refoule.
- Un jour il pleuvra / Et l'homme derrière les barreaux / Se lèvera pour renverser ses bourreaux / Charrier les vestes et la peste des bureaux / Décrotter et relever sa patrie.
- J’ai épuisé mon legs au combat / A l’école du brave mentir (politique) / Pour apprendre des martyrs / Le rêve qui un jour te rendra libre mon amour.
- Craignez le peuple qui dort / S’il vide sa mémoire / Vos dates sont sans histoire
- Craignez le peuple qui dort / S’il rêve de liberté / C’est vous qui périrez
- Je suis le déluge / Je tiens le destin des tours…je suis le temps / Je viens cueillir l'âme des fières citadelles… je suis le maître / Seul le silence ose parler après moi… je suis la vraie force / Seul l'amour ose me résister… et j'emporte l'orgueil des hommes / Jusqu'au cœur de l'enfer / Je suis l’enfer / Je suis la ruine / /e suis le temps.
III- Analyse du texte : Les grands thèmes abordés
a- La famille et l'amour.
Après la dédicace à WILLY’EM Olivier qui pourrait être le petit frère de l'auteur, on trouve une seconde dédicace, cette fois à sa mère. Sa mère qui ne parle pas avec le « verbe » de l'école, « les paroles diplômées ». Mais qui sûrement parle avec un autre verbe à son fils. Ce verbe est la tendresse, l'amour désintéressé. Pour l'auteur, l’école ne connait pas ce « tendre verbe » que lui parle sa mère. Dans le poème « je l'avais perdu », l'auteur revient sur la punition d'un père à sa fille ayant perdu ses chaussures. Il prend la place de cette fille. « Je me revois dans un tiroir de ma mémoire / Courir pieds nus sur le feu de sable / Sur le sable chaud du sahel / Sur le sahel vif des midis d'avril ». Dans le poème « le cœur en cage », l'auteur met en exergue la déception amoureuse. « Je t'avais offert dans une cage / Un cœur épris / La mort tient la délivrance / L'oiseau languit / L'oiseau survie / Alors que meurt l'espérance / Il t'adore en silence / Et t’espère sans aucune chance. » Dans le poème « L'ensorceleuse », l’auteur rend hommage à la grand-mère et à ses histoires « Ces paroles Magiques / Un fumet d'histoires et de régals ». Dans le poème « toi qui crois », l'auteur fait l'apologie de l'amour « Toi tu crois en l'amour, crois / Que ton rêve dure longtemps / Que la trahison cicatrise vite sur ton cœur.
b- La liberté la justice
L’œuvre s’ouvre par ce thème. Dans le premier poème « libertine », l’auteur attire l’attention du lecteur sur la liberté de ses poèmes. « Qu’ils n’exaltent plus la peur… Que mes vers soient libres… Un vers libre ne prête pas allégeance… Un vers libre ne craint pas les mots forts… Un vers libre et ivre ne s’arrête pas… Retentis ô justice… N’aie plus froid aux yeux / Crie haut et fort… Soit libre… Soit libertine / Soit rebelle avant d’être belle. » Dans le poème « Moïse », l’auteur vante Moïse qui a libéré ses frères. « Un esclave s’est déchainé… Cet homme n’est plus lié / C’est un homme libre / C’est un homme fier / Qui marche la tête haute / Et qui ne s’arrêtera plus.» Dans le poème « la main dans le sac », l’auteur s’élève contre les rois qui édictent des lois et ne s’y soumettent pas : « Le voleur étant très fort / Les victimes ont tort… Et la cour gesticule / Elle blanchit / Le flagrant délit ». Dans le poème « Obama », l’auteur se moque de ceux qui ont cru que l’élection de Obama aux Etats-Unis d’Amérique devait libérer l’Afrique : « Tous les cons qui aiment espérer / Ils salivent et se mettent à rêver / Au lieu de se libérer. » Dans le poème « février témoignera », Soussia pièrre revient sur les événements de février 2008 qui ont eu lieu dans son pays le Cameroun liés à l’opposition du peuple à la volonté du régime de Paul Biya de modifier la constitution pour être à nouveau éligible aux futures élections présidentielles : « La plume du roi rature la loi / La rature du roi plume la loi… S’ils osent et s’y opposent / Ils boudent et pestent / Ils disposent / S’ils composent / Ils retournent leurs vestes ». Le refus du peuple à cette modification de la constitution a entraîné des émeutes et une répression des forces de l’ordre. Des centaines de manifestants ont été coincés sur le pont du wouri à Douala, avec l’armée qui tirait des deux côtés du pont. Plusieurs manifestants ont sauté dans le fleuve. Ce qui amène l’auteur à écrire : « Quand vous comptez vos morts / Nombreux et non déclarés / Il y a dans le fleuve / Une fée toute froide qui vous rit / Et glane sous le pont / Les âmes purs des corps pourris ».
c- Le désespoir et la tristesse
Dans le poème « ivresse » on peut lire « Je suis dépaysé et le monde autour de moi est lui aussi égaré. Comment trouver un repère en ce moment les qui, désespérément, cherche repère. » Dans le poème « je ris », l’auteur écrit « Moi qui n’ai eu pour maitre / Que le deuil en personne / Je ris par le séant ». Dans le poème « La bonne école » il souligne le désespoir des élèves devant les enseignants incompétents : « Les élèves font peur / A l'espoir ». Dans le poème « Mère Noëlle », l'auteur s'offusque contre ceux qui partagent publiquement pour laver leur mauvaise image « Ses poches toujours repues / Vomissent des résidus / Pour les gueux qui meurent ». Dans « toutes les putes sont reines », l'auteur s’oppose aux détournements de fonds par les fonctionnaires de l'État : « Ils se nourrissent de vol ». Dans le poème « la momie », sans le nommer, l'auteur revient sur Ahmadou Ahidjo, le premier président de son pays qui a sous les ordres de la France, installé un régime tyrannique et a fait assassiner tous ceux qui s'opposaient à son régime et qui, à sa mort, est conservé au Sénégal loin de son pays en attendant un enterrement dans son pays : « Ce bon pharaon / Excellent Colon / Se nourrissait de haine… Est-ce le karma dû / Aux cendres sans traces / Des Martyrs disparus / Aux chairs des combattants / Fondues dans leurs sangs / Que les fosses mêlent et brassent… Savait-il que ses restes seraient bannis / Et sa mémoire honnie… Ah ce corps rabougri doit mourir de soucis / Dans son purgatoire d’asile. » Il souligne le fait que l’actuel régime de son pays ne tire pas les leçons : « Aujourd'hui les patrons / N’en tirent aucune leçon / Triomphent sans sagesse / Affament avec largesse. » Dans le poème « le Phénix n'est pas un oiseau », l'auteur souligne les tyrans qui veillent sur la misère du peuple : « A chaque petite grève / Ils ont le visage très grave / D’une patrie cannibale / qui rêve à vraies balles…sur la misère du peuple / Ils veillent / L’index sur la gâchette. » Dans le poème « le triangle vicieux », l'auteur s’arrête sur la fête de la jeunesse de son pays célébrée chaque année : « On lit un discours / La même vieillesse / Au jeunes en détresse / Parle avec ivresse / De changer en vitesse / Leurs vies de tristesse… Dans un trou en forme de triangle / Où la misère sans répit étrangle / Dans un triangle en forme de bermuda / Où la vie a tout d'une sanglante corrida. » En fait l'auteur vit à une époque où son pays le Cameroun est dirigé par un groupe de vieillard qui chaque année s'adresse à la jeunesse et lui promet le même changement qui n'arrive jamais : « Le même le même vieillot et ses griots tous rigolos / Parlent de changement sans jamais changer… même le drapeau n’y comprend rien / Quand le drapeau s'arrête, c'est qu’il se demande / De quel pays sont ces fous / Pour quel pays il flotte. » Dans « le temps des Blues », l'auteur a la nostalgie de ses jours heureux : « Allons ma dernière larme / Allons trouver refuge / Où notre tristesse aussi / Apprendra le sourire. » Dans le poème « la création d’Adam » l’auteur s'offusque contre la création de l'homme et les problèmes qu'il a engendré « Pendant cinq jours / Jah dit et ce fut / Vint traitre le sixième jour / Où il traina dans la boue son infini amour. »
d- Le combat
Soussia Pièrre est un auteur engagé. Devant la tristesse qu’il décrit dans cette œuvre, il prône le combat pour un monde nouveau. Dans le poème « ivresse », nous pouvons lire : « Ma bouche amère arme et tire / Nulle rime ne peut l’attendrir / Mon cœur est surchauffé / Ma langue est en feu / Ma bouche brule de dire. » Plus loin il écrit : « O ma plume enflammée ! Crache du feu, car j’en mange et j’en brule. » Parlant de ses vers dans le poème « libertine », il précise : « N’aie plus froid aux yeux / Crie haut et fort… Soit rebelle avant d’être belle. » Dans le poème « Moise » il écrit : « Un seul homme s’est affranchi / Et s’est levé un peuple / Pour son fier périple… Heureux les pauvres / S’ils assassinent leurs maitres / Car une terre de liberté les attend. » Relevant la répression dans le poème « chientemps », l’auteur finit par l’espoir : « Car un jour il pleuvra / Et l’homme derrière les barreaux / Se lèvera pour renverser ses bourreaux / Charrier les vestes et les pestes du bureau / Décrotter et relever sa patrie. » Dans le poème « je t’aimerais tu verras », l’auteur témoigne son amour pour son pays : « Pour apprendre des martyrs / Le rêve qui un jour / Te rendra libre mon amour. » Dans « au cœur de la violence », l'auteur voit demain un cœur de la violence. Un demain chargé d'espoir. Dans le poème « on va faire comment ? » l'auteur interpelle le peuple à se réveiller pour sa liberté : « Si vous aviez vu la grande promesse / Du jour nouveau qui vous attend / Vous ne dormirez plus / Comme un peuple qui s’est tût… N’entendez-vous pas la promesse / Le grand jour de liberté / Qui vous murmure de vous lever / Osez et le voici arrivé. » Dans « un beau jour », l'auteur exprime ses espoirs et ses rêves « Un beau jour nous aussi / Nous habiterons les plus belles villes / Nous dominerons le monde / Nous aussi. » Dans le poème « t’aimer autrement » l'auteur souhaite un autre amour pour sa patrie : « J'aimerais te réinventer / T’aimer autrement / Sans tes fusils / Sans tes soldats / Sans ton drapeau / Sans ton hymne / S’ils m’incitent à la mort. » Dans le poème « guerre verte », il appelle à reverdir le Sahel : « Sahel je suis endeuillé / Rassemble tes enfants / Qu'ils sortent nombreux armes en main / Que les semences poussent les cris de guerre / Que les arrosoirs mitraillent sans répit ton sol / Que les pépinières forment leurs régiments / Que les plants de guerre quadrillent ton terrain. »
e- La solitude
Elle se ressent dans plusieurs poèmes. Dans « deuils somptueux », l'auteur soulignait déjà la solitude des familles endeuillées devant tant de gens qui viennent se saouler. Dans le poème « seuls » il relève la solitude dans « La foule de tous ces bras / Qui ne savent plus entourer / Devant tous ces yeux / Qui ne savent plus voir / Tous ces cœurs / Qui ne savent plus jamais aimer / Si seul dans une foule qui refoule. » Dans le poème « une brebis », Soussia Pièrre revient sur une brebis seule devant un loup, cherchant en vain le berger pour la protéger : « Elle a peur / Elle pleure / Elle bêle / Elle appelle. » La brebis est peut-être le peuple de son pays sans protecteur, ou le pauvre des pays d'Afrique sans défense.
f- La joie et le plaisir
Ils ressortent dans plusieurs poèmes. Dans « soleil des Prés », l’écrivain rend hommage au soleil du soir : « Enflamme mes soirs / Adoucis mes soucis. » Dans « me voici poussière et âme » l’auteur glorifie sa terre d'enfance où il retournera le jour de sa mort : « Dans le creux de tes canaris / Je viens poser mon baiser posthume… Je viens allumer un soleil nouveau… voici en offrande ma poussière. »
g- La guerre et la mort
Dans le poème « mort pour rien » l’auteur s’élève contre les Martyrs qui meurent pour la gloire, l'honneur et la patrie : « Des balles qui sifflent / Des corps qui tombent / Des âmes que l’on rend dans la douleur. » Il demande à « femme » de ne pas pleurer quand il sera mort pour tous ces riens. Dans le poème « les deuils joyeux », l’auteur s’indigne contre ce qu’est devenu les deuils : « Il faut saouler ceux qui pleurent / C'est toujours ainsi / Il faut réussir le deuil / Sinon c'est une honte… Tant de fausses larmes / Ont rempli ma coupe… Que les bonnes familles espèrent leur bière / A la moindre migraine de chacun des leurs. » Dans « la guerre des sots », l'auteur s'oppose à la guerre fratricide : « avec leurs armes de chez le même marchand / Les deux frères marchent l'un contre l'autre / Ils chargent et tirent et tuent et meurent. » Dans le poème « chientemps » le poète soulève la répression sanglante si courante en Afrique à son époque « La route éventrée / Dans les creux profonds / De sa main ensanglantée / Boit la vie émiettée. » Dans le poème « l’union fait la mort », le poète critique l'union : « L’union fait la force / La force fait la guerre / La guerre fait la mort… paix muette aux saveurs rouges / Bâtie par la force de nos unions / Qui maçonnent les barrières / Et se font la guerre. » Dans le poème « à vos ordres et désordres » l’auteur relève le cas du soldat qui meurt sous les ordres de sa hiérarchie croyant se battre pour la patrie « Le soldat périt en guerre / Et ceux que la mort engraisse ne le savent guère.»
h- La religion et le temps
Dans le poème « je ris » l'auteur semble maudire les dieux du fait qu'il ait eu pour seul maitre la souffrance : « Vous dieux enchainés… là dans vos narines de dieux malfaisants. » Dans le poème « Les cambrioleurs du Paradis », Soussia Pierre se lève contre l'extrémisme religieux : « Voilà venir à Grand pas / Les barbares qui profanent la femme / Trucident l'enfant / Et crient le saint nom d'Allah. » Il vit à une époque où son pays est sous la menace de la secte islamique Boko Haram qui multiplie des exactions sur la population. Cette secte veut construire un Etat islamique. Dans le poème « le génie des crétins », le poète s’indigne contre l’autorisation de la vente des préservatifs par l'Église chrétienne. Il écrit : « Voilà nos hystériques chrétiens / Criaillant dans la rue comme des crétins / Pancartes et sexes bien levés… tout ce feu dans la culotte. »
Le poète écrit dans le poème « souviens-toi de notre future vieillesse » ceci : « Toute la vie n'est qu'un prêt / Et chaque jour n'est qu'un moratoire. » Dans le poème « les élèves distraits », l’auteur souligne la force du temps qui triomphe des unions des hommes : « Je suis le déluge / Je tiens le destin des tours…je suis le temps / Je viens cueillir l'âme des fières citadelles… je suis le maître / Seul le silence ose parler après moi… je suis la vraie force / Seul l'amour ose me résister… et j'emporte l'orgueil des hommes / Jusqu'au cœur de l'enfer / Je suis l’enfer / Je suis la ruine / Je suis le temps. »