Résumé de l’ouvrage : DJEUKAM TCHAMENI UNE VIE POUR LA REVOLUTION

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Avant-propos

Djeukam Tchameni a été l'un des animateurs sinon même le principal, des fameuses et historiques villes mortes qui, si elles avaient pris Yaoundé, aboutiraient inévitablement à la chute du régime de Paul Biya. Djeukam Tchameni est plus doctrinaire que politique. C’est un théoricien, il poursuit un idéal qu'il veut grand et noble, et s’efforce de le faire partager à la population. Il est dans la pureté. Ce genre de personnage accède difficilement au pouvoir.

Chapitre 1: Naissance et parents

Djeukam Tchameni nait le 1er mars 1961 à Nkongsamba dans le département du Mungo. Son père à sa naissance est chef de poste agricole dans le Mungo. Sa mère est originaire de Badumla, dans le Haut-Nkam, un village rebelle depuis la pénétration allemande. La chefferie de ce village a été rasée et la famille royale dispersée, ce qui avait amené le grand-père de Djeukam Tchameni à Mbanga. Sa mère Tchuengoua Elise est une contestataire infatigable. Elle avait des liens de parenté avec Ernest Ouandie.

Chapitre 2 : Une enfance à l’abri du tribalisme

. Djeukam Tchaneni a suivi son père dans ses multiples affectations. Il n’a pas fait partie des associations tribales ou de villages. Il grandit également à l’abri du besoin, son père étant un fonctionnaire de l’Etat. Quand les bourses trainaient à être payées, il demandait à ses camarades de se mettre en grève. Pendant ses  études secondaires (1972-1978), l'UPC est très puissante à Douala. Il se fait recruter par un « grand frère » et distribue les tracts du parti clandestinement. Il lit les ouvrages de Mao Zedong et Kim II Sung, ce qui suscite l'envie en lui de faire quelque chose pour le Cameroun. En 1978, il arrive donc à l'université étant déjà un militant de gauche. Mais l'université est caractérisée par un immense désert idéologique. Les distributions de tracts de gauche avaient abouti à l'arrestation de la plupart des étudiants progressistes en 1976. Seules les associations communautaires existaient dans les universités. Djeukam les ignore et adhère au club UNESCO. L’année suivante, il crée avec des amis le Club d’Etude et de Réflexion sur la Culture Africaine (CERCA).

Chapitre 3 : un élève surdoué et meneur d’hommes

A l'école publique d'Ekoudou à Yaoundé, il reçoit le prix du meilleur élève avec une moyenne de 19,20 / 20. Au lycée polyvalent de Bonaberi, les enseignants le font sauter la classe de la 4ème. Au lycée Joss, il obtient son baccalauréat à l’âge de 17 ans. Il s'inscrit à l’université et lit les livres de Cheikh Anta Diop, Lénine, Nkrumah, Karl Marx, Marcien Towa, Marcus Garvey, Kim II Sung, Tchundjang Pouemi, Kum’a Ndumbe et autres. Après l'obtention de sa maitrise, il va continuer ses études aux Etats-Unis d'Amérique. Djeukam Tchameni arrive aux Etats-Unis avec déjà une grande expérience dans la lutte progressiste. A l'université de Yaoundé, il a adhéré à une cellule Marxiste-léniniste clandestine. Dans la cellule marxiste-léniniste des progressistes Nigériens à l'université de Yaoundé où il a adhéré, Djeukam Tchameni fait comprendre à ses camarades que Karl Marx n'a pas assez étudié l'histoire africaine. Pour Djeukam Tchameni, il revient aux marxistes africains, socialistes scientifiques d'utiliser la science de la révolution et de l'appliquer à notre histoire pour en tirer des conclusions. Par ces réflexions, Djeukam Tchameni a suscité un débat enrichissant dans le cercle d’études marxistes. Le cercle a participé à toutes les grèves qui s'étaient produites sur le campus de l’université de Yaoundé des années 1979 à 1982. Djeukam Tchameni et ses camarades ont compris que chaque fois qu’ils s’attaquaient frontalement à l'Etat, les forces de l'ordre entraient dans le campus pour les réprimer dans l’œuf. Ils ont décidé d’avoir une approche indirecte qui leur laisserait le temps de s’organiser pour les batailles futures. Ils s’en sont pris aux bailleurs des mini-cités qui pratiquaient des loyers exorbitants. La cellule clandestine met en place une mercuriale et les étudiants en valident les prix et les bailleurs sont informés que les étudiants ne paieront plus le loyer tant que les bailleurs n'acceptent pas les nouveaux tarifs. La chancellerie de l'université est aussi informée pour jouer au médiateur. Elle réunit les bailleurs qui cèdent à presque toutes les revendications de Djeukam Tchameni et ses camarades. La cellule désigne ses représentants par mini-cité pour relayer les mots d’ordres aux étudiants. Alors que l'université n'acceptait en son sein que des associations tribales, Tchameni et ses camarades ont pu mettre sur pied une organisation politique estudiantine clandestine bien coordonnée et efficace.

Chapitre 4 : premier séjour en Amérique

Djeukam Tchameni, aux Etats-Unis découvre la supercherie de l’économie du développement enseignée dans les universités Africaines. Alors que les économistes font de l’investissement direct à l’étranger la clé du développement, le jeune assiste à un cours à l’université de Houston au cours duquel le professeur explique à des cadres de sociétés pétrolières du Texas que « la seule chose à savoir en ce qui concerne l’investissement direct à l’étranger est que vous ne devez pas apporter un sou dans le pays où vous allez investir ». Aux Etats-Unis, Djeukam se marie à Makini une militante noire américaine. Pour subvenir aux besoins de sa famille, il travaille la nuit et fait les études en journée. Sur le plan politique, il adhère au All African Revolutionary Party fondé par Kwame Ture (Stokely Carmichael) un ancien premier ministre des Blacks Panthers. Son épouse et lui relancent le parti à Houston où ils habitent. Djeukam Tchameni est désigné responsable du parti pour tout le Sud-Ouest des États-Unis.

Chapitre 5 et 6 : collaboration avec les organisations ďAfricains-Americains de 1983 à 1985 et la vie familiale

En sa qualité de responsable de la All African Revolutionary Party, Djeukam est entré en contact avec toutes les organisations noires des USA. Il participe à toutes les manifestations noires au niveau national. Lors d'une soirée organisée par les militants panafricanistes, il rencontre Désirée Smith, sa future épouse. En 1986, un enfant nait de ce couple d’étudiants. Djeukam Tchameni a 22 ans et sa compagne a 21 ans. En 1985, il retourne au Cameroun et s’installe à Douala. Le couple aura quatre enfants : Nkrumah, Nzinga, Shabaka, Samory. Ces noms sont en hommage aux grands combattants africains. .

Chapitre 7 et 8 : Le retour au Cameron en 1985 et son arrestation en 1988

Djeukam retourne au Cameroun avec son M.B.A. Il est recruté par la société pétrolière américaine PECTEN avec un salaire mensuel de 690.000 frs. Mais il démissionne moins de deux mois après quand il découvre l'énormité de l'exploitation de son pays par la société. Il lance une société (Intelligence Artificielle Inc.) et décide de fabriquer sa propre marque de micro-ordinateurs au Cameroun. Le disciple de  Cheikh Anta Diop baptise son ordinateur « Ramses I ».

Sur le plan politique, Djeukam Tchameni et son épouse lancent une organisation clandestine appelée le P2. Cette organisation prépare une insurrection populaire contre le régime de Paul Biya. Le P2 entre en contact avec Guerandi, l'un des organisateurs de coup d’Etat du 6 avril 1984 au Cameroun. Guerandi le met en contact avec Thomas Sankara, Blaise comparé et Henri Zongo. En octobre 1987, Djeukam Tchameni rencontre les trois personnalités et ils établissent une plateforme de travail. Mais Djeukam Tchameni réalise un sérieux problème idéologique au sein des militaires burkinabé. La mort de Thomas Sankara quelques temps après confirme ces craintes idéologiques observées. A la mort de Sankara, Djeukam Tchameni est rappelé au Burkina Faso par Blaise compaore en 1988. Il y rencontre une fois de plus Guerandi, Compaore et Zongo. De retour, Guerandi lui remet une cassette à remettre à un de ses contacts au Cameroun. Quelques jours après que Djeukam ait remis cette cassette, il est arrêté et enfermé pendant huit mois à la sécurité militaire de Yaoundé, puis pendant neuf autres mois à la Brigade Mixte Mobile. L'affaire Yondo Black éclate et les arrestations se multiplient. Djeukam Tchameni est condamné à trois ans de prison pour subversion, une semaine avant Yondo Black et Ekane Anicet qui connaîtront le même sort. Pendant son incarcération, Djeukam Tchameni perd son fils Nkrumah. Quelques mois après en Août 1990, cédant aux pressions internes et externes, Paul Biya libère  Djeukam, Yondo et Ekane.

Chapitre 10 : De l'affaire Célestin Monga à la création de CAP Liberté.

En décembre 1990, Paul Biya, le président de la république annonce qu’il n’est plus nécessaire de prendre le maquis pour exprimer ses opinions. En Janvier, Célestin Monga publie dans le journal « Le messager » un article critique sur la mauvaise gestion du pays. Il est immédiatement arrêté. Djeukam crée le Comité de Libération de Célestin Monga (CLCM), distribue les tracts et fait le porte-à-porte pour demander à la population de se rendre au palais de justice de Bonanjo pour obtenir la libération de Monga. Le jour dit, tout Douala contestataire s'est déporté à Bonanjo. L'audience est renvoyée. C'est le plus grand meeting non autorisé depuis l'interdiction de l'UPC, et une grande victoire pour Djeukam Tchameni. Il est parvenu à lever des foules de manière aussi impressionnante qu'inattendue. Les deux prévenus sont condamnés à une peine avec sursis.

Le CLCM continue de se réunir au siège de sa société Intelar. Il est décidé la création d’une organisation permanente appelée Comité d’Action Populaire pour la Liberté et la Démocratie (CAP LIBERTÉ). Mais les autorités refusent de délivrer récépissé à cette organisation. Djeukam Tchameni saisit l'huissier de justice qui porte les dossiers au préfet. En mars 1991, CAP Liberté organise le tout premier meeting  réclamant la tenue d'une Conférence Nationale Souveraine au Cameroun. Le Jour du meeting, les forces de l'ordre occupent le lieu du meeting. Mais CAP Liberté avait prévu le meeting ailleurs pour contourner les forces de l’ordre. Mais la durée des discours a fait que la police les a rattrapé à ce nouveau lieu et ont arrêté les responsables. Ils ont été ensuite libérés.

Chapitre 11 et 12 : Création de la coordination des partis politiques et tête-à-tête avec Fru Ndi en 1991

CAP Liberté avait des membres dans les directions de beaucoup de partis politiques et était très influente sur le terrain de l'action. Étant non partisane, Il lui était plus facile de rassembler et de mobiliser les masses. Ceci  amène le MINAT (Ministère de l’Administration Territoriale) à dissoudre l'association le 13 juillet 1991. Le mouvement entre dans la clandestinité. Le gouvernement organise un assaut militaire au siège de Intellar et détruit la société de fabrication des ordinateurs de Djeukam Tchameni. Après avoir échappé à 3 tentatives d’assassinat, il prend le chemin de l’exil et est accueilli au Burkina Faso. Du Burkina, il continue à diriger Cap Liberté. Il travaille avec la Coordination des Partis Politiques de l'Opposition et avec l’Union  Pour le Changement.

Avant de quitter le territoire en Septembre 1991, Djeukam Tchameni s'arrête à Bamenda et rencontre Fru Ndi. Les deux s’accordent sur le principe de lutter pour le changement qualitatif par un plan A : la mobilisation populaire à l’intérieur du pays. A l’extérieur, Djeukam Tchameni devait travailler sur un plan B au cas où le plan A échouait. De 1991 à 1992, la Coordination des partis et associations, l’Alliance pour le Redressement du Cameroun par la Conférence Nationale et finalement l’Union Pour le Changement mettent en œuvre le plan À. Après avoir élaboré un programme consensuel de transition politique, l’Union Pour le Changement choisit John Fru Ndi comme son candidat unique. Paul Biya est déclaré vainqueur alors que tout montre son échec. Pour Djeukam Tchameni l’heure est venue de mettre en œuvre le plan B.

Les jours qui suivent sont pleins de surprises. Fru Ndi demande aux populations de ne pas sortir dans la rue pour revendiquer la victoire. Il demande aux avocats de ne pas déposer de recours. En janvier 1993, Fru Ndi et Djeukam Tchameni se rencontrent aux Etats-Unis à l'investiture de Bill Clinton. Djeukam lui fait le point sur le plan B qui a le soutien de  quatre chefs d’Etat africains. A la grande déception de Djeukam, Fru Ndi ignore le plan B et lui dit de demander aux chefs d’Etat de lui envoyer plutôt de l’argent. Dégouté par le désir d’enrichissement personnel de Fru Ndi et son abandon des objectifs de lutte, Djeukam Tchameni rompt tout lien politique avec lui.

Chapitre 13 : Djeukam au secours des étudiants du parlement exclus de l'université de Yaoundé

En 1991, les mouvements d'étudiants se rassemblent au sein d'une structure appelée le parlement. Tous les membres fondateurs de ce parlement sont les membres de la première cellule de CAP Liberté de l'université de Yaoundé, et ont été formés par elle. Le parlement lance une série de grèves à l’université. A chaque grève estudiantine, les étudiants sont exclus de l'université. Djeukam Tchameni contacte trois gouvernements qui acceptent de lui accorder chacun cinq bourses pour les étudiants exclus (Burkina Faso, Sénégal et Mali). Trente-deux étudiants exclus retrouvent Djeukam Tchameni au Burkina Faso et bénéficient de ces bourses d'études.

Chapitre 14 et 15: La création du MDI et du Réseau des organisations de la société civile, ROC et l’impérieuse nécessité d’hommes d’Etat en Afrique

En 1996, Djeukam Tchameni retourne au Cameroun et en 1997, 12 associations et 3 partis politiques créés dans le sillage de CAP Liberté s'unissent en un seul parti appelé le M.D.I. (Mouvement pour la Démocratie au Cameroun et l’Interdépendance en Afrique). Ils créent à côté le ROC, un réseau d’organisations de la société civile. L'objectif principal du MDI-ROC est le changement du cadre institutionnel par le biais de l'éducation politique et la mobilisation populaire. En 1997, Djeukam Tchameni et Mboua Massock se présentent aux élections sous l'étiquette du MDI et en 2004, Djeukam Tchameni se présente à l'élection présidentielle sous l’égide du MDI. Mais son interdiction de la chaine nationale l'amène à quitter la course électorale deux jours avant le scrutin. En 2018, il a jugé le retour à la scène politique inopportune.

Pour sa retraite politique, Djeukam Tchameni entend s'investir fortement dans la formation des cadres politiques alternatifs et l'éducation des masses. Il ne nourrit pas pour ambition principale de devenir président de la République du Cameroun. Il ambitionne former un type d'hommes plaçant l'intérêt du pays avant l'intérêt personnel, et de céder la tête du MDI à des jeunes.