Résumé de l'ouvrage Manuel de la rédaction, les techniques journalistiques de base

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Introduction

L’écriture journalistique ne s’improvise pas. Toute personne cultivée peut rédiger un article ou apporter un témoignage vivant sur un sujet qu’elle connait bien. Mais c’est toute une autre affaire que de livrer chaque jour (parfois plusieurs fois par jour, en radio, en agence ou sur le web), une copie de lecture facile sur des thèmes dont on ignorait parfois tout avant d’en faire le tour, avec pour obligation de rendre le travail à l’heure et dans la longueur indiquée. Le journaliste n’est ni un penseur omniscient chargé de simplifier la complexité du monde, ni un simple employé aux écritures, pages et autres segments. C’est un passeur de mots et de nouvelles qui par formation et pratique, connait les pièges du langage et les contraintes inspirées par le souci d'efficacité. En plus du savoir écrire, le journaliste doit connaître l'art et la manière de chercher l'information, de gérer ses sources et de mener des interviews, d'assimiler les lois du secrétariat de rédaction, de la mise en page et des grands principes de déontologie.

Chapitre I : Savoir lire

La lecture journalistique est un petit jeu d'auto-analyse, consistant à nous interroger, après avoir lu un article ou l'ensemble d’un journal, sur la manière dont notre cerveau a fonctionné. Quels titres, quelles illustrations, quelles légendes ou signatures ont attiré nos yeux ? Avons-nous commencé par le début ou par la fin… Ceci vise à arriver à la vérité selon laquelle la lecture ordinaire obéit à la loi du moindre effort. De façon plus ou moins consciente, nous sommes donc reconnaissants à celles ou ceux qui fournissent un message clair et bien ficelé. Serions-nous capables nous aussi de réaliser un bon article?

La lecture journalistique constitue une formation individuelle à la portée de tous. Il suffit de lire, surtout de relire, d'écouter et de réécouter, de voir et de revoir pour analyser et comprendre comment ça fonctionne. Pour commencer, il faut s'emparer de son journal préféré, de préférence un exemplaire un peu ancien. Nous le relisons et mettons un X sur tous les litres dont nous nous souvenons bien, enfermons ceux dont nous nous souvenons le moins dans un carré et encerclons ceux qui ne nous disent rien parce que nous avons oublié ou n’avons pas lu. Ceci nous permet de comprendre à quel point on est peu concentré quand on est nous-mêmes lecteurs. Beaucoup d'éléments rédactionnels sont vus mais non lus. Même le journaliste lit le journal comme tout autre lecteur, le médecin malade devient comme tout autre patient. Celui qui ne sait pas lire ce qu’écrivent les autres ne mérite pas d’être lu.

Il existe trois niveaux de lecture journalistiques. La découverte consiste à faire le repérage, le balayage, le choix et les éliminations en fonction des photos, des légendes, de la couleur et les titre. La confirmation du choix consiste à faire un choix en fonction des accroches, inters, encadrés et textes autonomes. La lecture de l'article en fonction du papier lui-même, les 15 premières lignes étant cruciales.

Le seuil de lecture est la quantité maximale de textes qu'un lecteur peut lire dans un temps. Il dépend du temps dont dispose le lecteur, de ses habitudes de lecture et de son  niveau culturel, des conditions de lecture, du support de lecture et de sa périodicité, du paysage médiatique. L’œil du lecteur est d'abord attiré par l'image. Les textes courts sont plus lus que les textes longs. Aucun article n'est lu en entier par tous les lecteurs.

Chapitre II : Le bref n'est pas toujours l'essentiel

L'apparente surabondance d'informations de toute espèce et de toutes natures impose au professionnel un devoir de brièveté. Mais l'erreur est de confondre le bref et l'essentiel. On peut écrire pour ne rien dire en trois lignes comme en cent. D'où la nécessité de réfléchir avant la rédaction de chaque article, à la manière d'exposer d'emblée le message essentiel dont-on veut faire partager la connaissance. La bonne construction d’un article, qu'il soit court ou long suppose d'aller de l'important à l'accessoire. Pour ne jamais perdre le cap, nul n'a rien inventé de mieux que la notion fondamentale du message essentiel et les six interrogations basiques qui l'accompagnent. D'abord : Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? Ensuite: Que-sais-je ? Que sait-il ? (le lecteur). Quoi de neuf à ce sujet? Qu'écrirai-je si j'étais tenu de résumer mon article en une seule phrase?

Un article c'est un message essentiel et un seul. On doit pouvoir l'exprimer clairement en quelques mots. Il doit ressortir clairement dès les premières lignes de l'article. C’est ce qu’il y a d'important à apprendre aux lecteurs. Le journaliste doit toujours rédiger le message essentiel avant d'écrire un article. Cela oblige à hiérarchiser les informations et à écarter ce qui est secondaire. Il est alors plus facile de rédiger un titre et une accroche. Pour dégager le message essentiel, on peut soit imaginer un ami à qui l'on devrait donner en quelques secondes l'essentiel de ce qu'il doit savoir, soit souligner les points les plus importants des informations recueillies et rédiger une brève.

Chapitre III : La loi de la proximité

L'intérêt du lecteur pour ce qui est arrivé près de lui n'est plus à démontrer, ni même à discuter. Mais une information proche de nous ne nous intéresse pas si nous la connaissons déjà. La rareté est aussi un grand mobile de l'intérêt du lecteur. Ce qui est rare pique plus l'esprit que ce qui est déjà vu, connu ou évident. La proximité avec le narrateur est celle que nous avons avec celui qui nous apprend quelque chose. Après un accident, nous parlons aux gens que nous connaissons et nous nous rapprochons par réflexe de celui qui était là avant nous pour écouter ce qu'il nous dit. Le journaliste est proche de son lecteur dès lors qu'il réussit à lui faire partager la connaissance d'un fait inhabituel, ce qui crée la fidélisation à un journal, une radio ou une chaine de télévision, ainsi qu’à tel ou tel journaliste.

La proximité géographique concerne l’attachement du lecteur aux événements qui se déroulent proche de lui. Mais la proximité géographique est de plus en plus relativisée avec le développement des moyens de transport et les médias. La proximité culturelle ou générationnelle concerne l’attachement du lecteur à ceux qui ont les mêmes habitudes que lui et ceux de sa tranche d’âge ou de son sexe. Plus l’information se trouve proche du lecteur, plus elle l’intéresse. Nous avons la proximité géographique, chronologique, sociale, psycho-affective, la loi de la rareté, de la notoriété, du spectacle.

Chapitre IV : Trouver son style

Plus le lectorat est vaste, plus il est varié sur le plan social et culturel, et réclame en conséquence un langage clair et accessible à tous. L'attaque et la chute sont très importantes pour un article. Il faut trouver les bons mots et construire les bonnes phrases pour atteindre efficacement le lecteur. Les mots journalistiques doivent être courts, concrets, précis, connus des lecteurs. Une phrase doit être courte, avec message essentiel, de structure simple, de forme active (avec une préférence pour les verbes d'action), au temps présent.

Chapitre V : Les genres journalistiques

Le journaliste affronte souvent l'angoisse d'écrire. Il a souvent plus de transpiration que d'inspiration. Il doit maitriser différents genres journalistiques. Le journaliste transmet généralement l’information qu’il est allé chercher. Parmi les genres informatifs, nous avons : La brève qui est une information courte portant sur un fait précis. Elle ne présente pas de titre. Le filet est un peu plus long que la brève, mais titré. Il n’a pas de commentaire. La mouture ou synthèse est la prise d’information de plusieurs sources et leur agencement. Le compte-rendu rapporte des informations essentielles liées à un événement. Il doit englober ce qui a été dit (citations), ce qui a été vu (description des lieux, habillement des personnages), évoquer l’ambiance et le climat. Le reportage recherche les images saisissantes résumant la nature des situations observées. Dans l’interview, la personne interviewée acceptera de répondre à toutes les questions posées par le journaliste. Dans l’entretien, celui qui répond aux questions peut refuser que certains éléments soient diffusés. Le portrait consiste à présenter une personne à des lecteurs qui ne le connaissent pas ou qui qui aimeraient savoir davantage sur elle. L'enquête est la collecte des informations sur un sujet. Le récit d'une bonne enquête doit laisser comprendre que le journaliste a évolué dans la connaissance du sujet au fil de son travail et qu'il en est arrivé à certaines conclusions. L’analyse consiste à mettre en perspective un fait avec son environnement et son histoire. L’éditorial est le point de vue du journal. C’est une prise de position argumentée et éclairée sur certains éléments d'analyse. La chronique n'engage que son signataire. C’est un rendez-vous fixe entre un journaliste, en général talentueux, et son public. Ses thématiques sont variées.

Chapitre VI : Tout est dans l'angle

Il existe des recettes professionnelles pour éviter l'angoisse d'écrire. Consciemment ou non, nous abordons toujours un événement d'un certain point de vue. Le Journaliste doit réfléchir sur l'angle le plus adapté à son support et à son public ainsi qu'à l'exposé des informations dont il dispose. Il peut adopter l'angle humain (incompréhension, stupeur, héroïsme, malheur, désespoir), l'angle géopolitique (conséquences dans le monde), de politique intérieure (attitude des responsables), l'angle historique (les précédents plus ou moins comparables, les évolutions démographiques et sociétales), l'angle économique (coût global, prise  en charge par les assureurs, répercussion sur la croissance) ou même l'angle polémique (pouvait-on prévoir?)

Un angle bien choisi permet en général de construire un article en utilisant l'ensemble des matériaux dont on dispose, tout en attirant le lecteur avec les éléments censés satisfaire sa curiosité initiale. Un article sur l’automobile du point de vue féminin pourra partir des informations sur les petites voitures urbaines avant de s'attarder aux recherches esthétiques et autres.

L'angle à l'origine de tout papier consiste à :

-          Sélectionner l'information ou les informations dont on va en parler, comment en parler,  de quel point de vue ?

-          Choisir un angle, qui consiste à trouver moyen original et efficace pour son lectorat, poser un point de vue particulier sur un événement, saisir la manière originale de parler de l'événement, choisir le traitement le plus efficace et le plus adapté. Il faut se documenter en fonction du sujet traité.

Chapitre VII : Bons plans et bons temps

La chronologie constitue la clef de compréhension de l'histoire comme de tous les événements qui tissent l'actualité de chaque jour. Un exposé trop méticuleux des origines historiques d'une information peut d'abord décourager le lecteur pressé, ensuite, ce lecteur peut connaitre déjà d'autres vecteurs de l'événement. La chronologie doit donc être utilisée à l'envers. La chronologie facilite la construction des articles et évite les commentaires inutiles. Le plan dit en pyramide renversée est considéré comme le plan journalistique type. Il consiste à placer toutes les informations indispensables au début d'article et à compléter celui-ci par les détails. Mais l'intérêt de lecture du lecteur risque d'aller en diminuant, ce qui fait intervenir le plan en sablier qui consiste à garder certains détails importants pour la fin.

Un plan d'article est la mise en ordre, le classement des informations ou des idées. Il existe plusieurs plans. Le plan chronologique simple consiste à raconter des événements dans l'ordre dans lequel ils se sont produits. Il simplifie la lecture et la rédaction, mais joue la contre la loi de la proximité chronologique. Le plan dialectique traite des positions opposées. Mais le lecteur est plus préoccupé par la synthèse. Le plan analytique expose les faits, analyse les causes et montre les conséquences. Il est très adapté aux informations politiques, économiques, militaires et scientifiques. Mais il y a de la difficulté à choisir l'ordre de pertinence. Le plan démonstratif consiste à justifier une thèse et démolir l'autre. Ce plan a un défaut qu'il n'est pas applicable dans les articles informatifs. Le plan énumératif se borne à énumérer les informations en utilisant un titre pour citer les changements de parties. Le montage sur fil conducteur consiste à monter les séquences grâce à une information principale utilisée comme fil conducteur. Le plan en pyramide inversée consiste à partir des informations les plus importantes pour aboutir aux moins importantes.

Chapitre VIII : Les règles de présentation

La bonne présentation des textes rédactionnels est la marque du professionnalisme. Tous les traitements de texte permettent de rédiger un article dont la version finale sera parfaitement propre, calibrée et sans fautes de frappe ou d'orthographe. On peut se passer du papier aujourd'hui et remettre son article grâce à une clé USB ou par email à son rédacteur en chef. Mais il faut toujours faire une sortie imprimante de son papier pour se relire et corriger certaines fautes qui sautent aux yeux sur le papier plus qu'à l'écran. Ceci permet aussi d'anticiper sur les pannes des moyens de transmission numérique ou d'incompatibilité entre les logiciels.

Chapitre XIX : Sources, lois et déontologie

A l'origine d'une information, il existe toujours une source. C’est en isolant les sources, en les croisant, en les mettant en perspective avec des éléments d'une autre origine et en évaluant la crédibilité de l'ensemble qu’une vérité cachée apparaitra et sera jugée assez intéressante pour être transmise au lecteur. Le cadre pénal accorde au journaliste de ne pas révéler l’origine de son information quand celle-ci a été recueillie dans l’exercice de sa profession. Le journaliste est néanmoins confronté à des infractions pénales. La diffamation est une atteinte à une personne. Elle existe même quand l’on reproduit une allégation déjà publiée par ailleurs, même si elle est faite sous forme dubitative ou interrogative, même si la personne en question n’est pas expressément nommée, même si la personne pouvant se prétendre diffamée est notoirement peu recommandable ou si elle a déjà été condamnée. Mais si le journaliste parvient à montrer qu’il disposait des preuves au moment de ses allégations, il y a nullité de poursuites. L’injure découle d’une expression outrageante, d’un terme de mépris ou d’invectives, ou de la référence à un corps ou à une personne déterminée. (D'autres infractions sont détaillées dans le document. Ceci n'est qu'un résumé).

La déontologie est l'ensemble des règles qui régissent le domaine journalistique. Il va ensemble avec l'éthique qui est un comportement moral individuel et une réflexion perpétuelle.

Chapitre X : Le marketing bien compris

Le journaliste doit s'intéresser aux instruments modernes permettant de distinguer des attentes de son public. L'ensemble des méthodes assurant une bonne définition de la cible d'une entreprise s'appelle le Marketing. Les agences de journalisme se battent pour fidéliser leur lectorat et explorent l'immense territoire des non-lecteurs ou non-auditeurs. Toutes les entreprises de presse peuvent aujourd’hui théoriser avec art sur les raisons de leurs échecs ou de leurs succès. Ils doivent connaitre et répondre aux attentes parfois contradictoires. Ils doivent pouvoir anticiper ces attentes. Le marketing de presse doit être compris comme l'art de faire parler son lecteur.