Leçon, Les efforts de redressement du Panafricanisme
Introduction
L’Organisation de l’Unité Africaine et l’Union Africaine ont consacré la chute du panafricanisme. Mais l’idéologie était déjà assez imposante pour accepter cette chute. Des organisations, des personnalités vont tenter de redresser ce panafricanisme et le porter au triomphe. Les Africains et afro-descendants sont conscients que c’est leur seule voie de survie. Ces efforts relèvent de la nécessité et non de l’utilité. Le racisme qui était au fondement des idées panafricanistes perdure à travers la planète. Si les lynchages de noirs ont considérablement diminué, ils n’ont pas cessé. La colonisation de l’Afrique pour laquelle le panafricanisme s’était dressé a muté en néocolonialisme, et la situation des noirs n’a pas beaucoup progressé. Le panafricanisme reste donc entier, ce qui justifie l’âpreté de la lutte pour le redressement du panafricanisme.
I- La poursuite des conférences et congrès panafricains
Les conférences et congrès panafricains sont de grandes rencontres entre les personnalités les plus influentes du monde noir et de l’Afrique pour organiser le combat panafricain. Ces conférences avaient permis de vulgariser le panafricanisme et de le structurer. Ces conférences étaient l’élément fondamental même du panafricanisme. L’OUA devait normalement se transformer en une vaste tribune ressemblant à ces conférences et congrès. Mais elle s’est transformée en réunion des chefs d’Etat pour discuter de leurs problèmes, et s’est coupée drastiquement des populations africaines. Ce qui a nourri la reprise des conférences et congrès.
1- Le congrès de Dar es Salam
C’est le sixième congrès panafricain. Il se tient en juin 1974 à Dar es Salam, en Tanzanie. Elle critique l’OUA pour son échec et son abandon du panafricanisme. Pour les congressistes, il faut relancer la dynamique panafricaine qui a échoué avec l’OUA. A l’époque où se tient ce congrès, beaucoup de pays africains sont encore sous domination étrangère. Il s’agit de l’Angola, du Mozambique, de la Guinée-Bissau, du Cap-Vert, du Zimbabwe et de l’Afrique du Sud. Les cas du Zimbabwe et de l’Afrique du Sud sont une lutte non contre la colonisation étrangère, mais contre des régimes racistes et anti-nègres imposés dans ces pays par les minorités blanches. Dans tous ces pays, des mouvements de libération mènent une âpre lutte de libération. Le sixième congrès entend apporter son soutien à ces mouvements qui utilisent la lutte armée pour défendre leurs droits.
2- Le congrès de Kampala
Le sixième congrès avait annoncé que le septième se déroulerait en Libye. Mais l'ingérence du guide libyen Mouammar Kadhafi dans les affaires intérieures des pays africains amène à une annulation de la capitale libyenne comme ville hôte de ce congrès. Le septième congrès se tient finalement du 3 au 8 avril 1994 à Kampala, en Ouganda. Huit-cents délégués des pays et organisations prennent part à ce congrès. Au total, deux mille personnes participent au congrès, certains comme délégués, et d’autres comme invités. Il souligne l’incapacité de l’OUA à empêcher le génocide qui se passe au Rwanda et sur la période de la fin du régime de l’apartheid en Afrique du Sud. Le président ougandais Yoweri Museveni ouvre le congrès. Les congressistes discutent des réparations des différentes oppressions subies par les noirs à travers l’histoire.
3- Le congrès de Johannesbourg et d’Accra
Ce congrès se tient d’abord à Johannesbourg en Afrique du Sud, du 14 au 16 janvier 2014. C’est le huitième congrès panafricain. Il accueille 160 participants de vingt pays. Les organisateurs de ce congrès rejettent les représentants officiels des États africains, en prétextant que le congrès de Kampala avait été confisqué par les représentants du gouvernement ougandais. Les représentants rejettent également la participation des Arabes d’Afrique sous motif de l’esclavage pratiquée par les arabes sur la race noire. Ce qui amène beaucoup de panafricanistes à refuser de donner le nom de congrès à cette rencontre, prétextant qu’elle viole la logique des congrès de William Dubois, dans la mesure qu’elle a été exclusive. Du 5 au 7 mars 2015, un huitième congrès concurrent est organisé à Accra au Ghana, incluant cette fois les Arabes d’Afrique et les représentants officiels des Etats.
II- Les efforts de redressement au niveau culturel et médiatique
Il faut préciser que beaucoup d’entreprises que nous allons citer ne sont panafricaines que de nom. Ils utilisent le panafricanisme juste pour faire fructifier leurs affaires, et n’apportent aucun soutien aux mouvements panafricains, tandis que d’autres sont fondamentalement panafricanistes.
1- L’Agence Panafricaine de presse
L'Agence panafricaine de presse (PANAPRESS) est née de la volonté de quelques États et opérateurs privés africains de doter l’Afrique d’un outil de communication privilégié. Elle est créée le 20 juillet 1979 par une convention signée par les ministres de l’information de l’OUA réunis à Addis-Abeba, et commence ses activités à Dakar le 25 mai 1983. Elle fait l’objet d’une liquidation en octobre 1997, en tant qu'agence spécialisée de l'OUA. Elle prend alors le statut de Société Anonyme regroupant des actionnaires publics, privés et de la société civile, avec un capital de 12,9 millions de dollars. Son but est de produire et diffuser un flux d’informations qui mettent en exergue les réussites et les échecs d’une Afrique en devenir. Elle dispose d'un réseau d’une centaine de journalistes et de photographes basés dans les différentes capitales africaines et dans deux bureaux extérieurs situés à New York (États-Unis) et à Paris (France). C'est le réseau de correspondants le plus dense du continent.
2- Le festival africain des arts nègres
Ce festival est organisé en avril 1966 à l'initiative de la revue Présence Africaine et de la Société africaine de culture. Le président sénégalais Léopold Sédar Senghor assure l’organisation. Elle est placée sous le patronage de l’UNESCO. Le but est de parvenir à une meilleure compréhension internationale et interraciale, d’affirmer la contribution des artistes et écrivains noirs aux grands courants universels de pensée et de permettre aux artistes noirs de tous les horizons de confronter les résultats de leurs recherches.
Des personnalités de tous horizons participent au festival : André Malraux, Aimé Césaire, Jean Price Mars, Duke Ellington, Joséphine Baker, Langston Hughes, Aminata Fall, Robert Hayden et bien d'autres. Tous les arts sont représentés : arts plastiques, littérature, musique, danse, cinéma… Elle est organisée par des spécialistes africains et français. C’est la première exposition d'art africain d'envergure internationale, montrant des œuvres issues de collections publiques et privées du monde entier. Les spécialistes, écrivains et des artistes de toutes les nationalités se rencontrent pour débattre des productions artistiques de l'Afrique.
Mais ce festival entre dans le cadre de l’exhibition des collections africaines, sans un véritable effort de défense et de promotion de la culture africaine. Les pays progressistes trouvent en ce festival la possibilité de donner de la légitimité à un régime néocolonialiste, anticommuniste et conservateur. Les pays comme Cuba, la Guinée Conakry, le Ghana et l’Algérie n’y participent pas. Des artistes de renom comme Myriam Makeba ou Paul Robeson refusent de s’y rendre. Les communistes sénégalais persécutés par Senghor s’opposent à cette reconnaissance internationale donnée à un dictateur françafricain. D’autres éditions sont organisées plus tard. Trois ans après, l’Algérie organise le Festival panafricain d’Alger.
3- Le festival panafricain d’Alger
Avec les critiques du festival africain des arts nègres, l’Algérie lance le Festival panafricain d'Alger en juillet 1969. Il est axé sur la culture de l'ensemble du continent et pose les bases d'une politique culturelle africaine à l'échelle continentale. C’est l'une des plus grandes manifestations culturelles d'Afrique. Elle regroupe des artistes et des intellectuels africains, ou issus de la diaspora africaine. Elle se déroule en 1969 puis en juillet 2009 à Alger. Les pays indépendants sont conviés à ce festival. Pour les pays encore colonisés, ce sont les mouvements de libération de ces pays qui les représentent au Festival Panafricain d’Alger : le Front de libération du Mozambique (FRELIMO), le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), le Parti africain de l’Indépendance de la Guinée et du Cap vert (PAIGC), l’African National Congress (ANC)…
Le festival comprend des concerts, des spectacles de rue, des expositions, des projections, des concours ainsi que des conférences. Les disciplines représentées sont : la musique, la danse, le théâtre, la littérature, le cinéma et les arts visuels. Son ouverture est fêtée par une parade dans les rues d'Alger au cours de laquelle défilent tous les pays participants. Les leadeurs africains de mouvements de libération et les Black Panthers des Etats-Unis d’Amérique sont présents. Le festival est organisé sous l’égide de l’OUA, présidée cette année par le président algérien Houari Boumediene. L’Algérie, après la chute de Nkrumah au Ghana, de Nasser en Egypte, d’Olympio au Togo ou de Lumumba au Congo, reste le plus grand symbole de la lutte anti-impérialiste, après sa victoire militaire sur la France. C’est fort de ce prestige qu’elle invite l’Afrique entière et sa diaspora à venir célébrer l’africanité sur son territoire.
Le festival vise à faire la promotion de l’indépendance africaine, car plusieurs pays africains sont encore colonisés. Le festival montre aussi la réussite des indépendances déjà acquises. L’Algérie compte aussi affermir son prestige international par l’organisation dudit festival. Les figures les plus prestigieuses de l’art et de la culture assistent au festival. Miriam Makeba qui avait refusé d’assister au festival des arts nègres de Senghor assiste à ce festival. Des spectacles se succèdent aux expositions, aux tables rondes, aux compétitions théâtrales et aux conférences.
A la fin du festival, un manifeste est dressé, statuant sur les réalités de la culture africaine, le rôle de la culture africaine dans les luttes de libération nationale et dans la consolidation de l’unité africaine, le rôle de la culture africaine dans le développement social de l’Afrique. Il rappelle le fait que les Africains ont souffert grandement du colonialisme qui a implanté une domination politique et a tenté d’éradiquer les cultures et les personnalités africaines. Il précise que l’unité des peuples africains prend existence dans le destin partagé, la lutte fraternelle de libération contre la même oppression et donc d’un avenir qui doit être assumé en commun. Le manifeste appelle au développement de l’esprit africain, un retour aux sources, l’inventaire des valeurs africaines et de celles qui ont été imposés par des éléments étrangers, l’abandon des schémas culturels qui ne servent plus, l’enrichissement de la culture africaine des acquis sociaux, scientifiques et techniques récents pour amener la population vers la modernité et l’universalisme. Le manifeste estime que la culture africaine considérée comme exotique, un objet d’intérêt pour les musées occidentaux comme cela a été visible au festival des arts nègres de Dakar, doit réaffirmer sa place dans le monde en tant qu’entité vivante. L’éthique africaine, sa solidarité, son hospitalité, sa fraternité, sa spiritualité et sa sagesse tous véhiculées par voie orale et écrite, au travers le conte, les légendes, les dictons et proverbes se doivent d’être une inspiration pour les artistes et artisans de cette culture en marche. Le manifeste estime que par une lutte totale pour la décolonisation, les masses africaines pourront se réapproprier leurs cultures et leurs ressources nationales. Grâce aux apports de ces richesses et des technologies le continent aura finalement la chance de se développer économiquement et de se joindre au concert d’une civilisation universelle.
Plusieurs suggestions seront faites notamment : le rapprochement interculturel, une assistance économique et technique intra-africaine, l’échange d’information, la réforme du système d’enseignement et l’éducation des masses, un rétablissement véridique de l’histoire africaine, la protection de la propriété intellectuelle, le rapatriement des œuvres et archives pillées par les occidentaux, l’usage des instances internationales pour faire avancer le combat africain.
Les artistes de leur côté, au sortir du festival, proposent aux dirigeants de l’OUA la création de l’Union Panafricaine des Cinéastes lors d’une prochaine rencontre à Addis-Abeba. Cette organisation deviendra la FEPACI, aujourd’hui située à Nairobi au Kenya. Les cinéastes encouragent la création d’un festival du film africain. Cet élan consolidera le Festival de cinéma africain de Ouagadougou. Les éditeurs demandent aux dirigeants de l’OUA de donner les outils pour que l’industrie du livre puisse jouer son rôle dans la décolonisation culturelle africaine. Ils créent la Commission d’Édition et de Diffusion du Livre Africain (C.E.D.L.A.) ayant son siège à Alger.
Le Panaf (Festival Panafricain d’Alger) vise brièvement la promotion d’un panafricanisme révolutionnaire, avec la culture comme un élément de lutte de libération. Son vaste échos et ses retombés sont de très loin comparables à ceux du Festival des arts nègres organisés par l’UNESCO, la Société Africaine de Culture et Senghor. C’est plus l’image néocolonial et dictatorial de Senghor qui réduit la portée du festival des arts nègres, mais aussi sa nature visant plutôt une exhibition de la culture africaine qu’à sa véritable promotion comme objet de progrès et comme un élément vivant.
4- Le deuxième Festival panafricain d'Alger
La deuxième édition du festival s'est déroulée en juillet 2009, soit 40 ans après celle de 1969. Elle a rassemblé 49 pays africains ainsi que les États-Unis, le Brésil et Haïti. Elle porte sur la diffusion des œuvres africaines. Elle comprend des rééditions de livres d'auteurs africains ou traitant de l'Afrique, des concours (de nouvelles, de BD...) et elle est divisée en plusieurs festivals spécialisés : Festival de littérature et de livre jeunesse, Festival de théâtre, Festival de la Bande dessinée, Festival Diwane et Jazz, Festival de danses populaires...
5- Les autres festivals mondiaux des arts et de la culture nègres
Le deuxième Festival mondial des Arts et de la Culture nègres et africains réunit à Lagos en 1977 plus de 700 délégués africains autour du thème « civilisation noire et éducation». Au cours de ce festival, Léopold Sédar Senghor du Sénégal tente d’empêcher aux maghrébins d’assister au festival. Ce qui décroit sa réputation mondiale. Mais le Nigéria, pays hôte, préfère recevoir toutes les délégations au festival. En 2010 se tient à Dakar le troisième Festival international des arts nègres et se place sous le signe de « la Renaissance africaine, du métissage culturel et du dialogue entre les peuples ».
6- Le fespaco
Au festival panafricain d’Alger de 1969, les cinéastes avaient demandé une plateforme de concertation et de diffusions de leurs films. Cette demande aboutit en 1972 au Festival Panafricain du Cinéma de Ouagadougou au Burkina Faso. Le festival vise à primer les meilleures productions cinématographiques du continent, dans différentes rubriques. Parmi les prix se trouve le prix Thomas Sankara.
7- Afrique media et vox africa
Vox Africa est une chaine de télévision panafricaine appartenant à l’homme d’affaire Paul Fokam, et dirigé par sa fille Rolande Kammogne. La chaine de télévision diffuse ses programmes dans huit pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Elle contribue à la diffusion les idées panafricanistes.
Afrique média pour sa part est la chaine qui a le plus popularisé les idées panafricaines récemment. La chaine de télévision s’est spécialisée sur la dénonciation du néocolonialisme. Si la chaine a le plus véhiculé les idées panafricanistes, elle les a aussi le plus travesti, mettant dans le panafricanisme les présidents répressifs à la solde des puissances étrangères comme Paul Biya du Cameroun, Idris Deby du Tchad ou Obiang Nguema Mbazogo de la Guinée Equatoriale.
8- Les entreprises panafricaines : ASKY, ECOBANK, UBA, NSIA
Ecobank Transnational Incorporated (ETI) est une société anonyme créée en 1985 à l’initiative de la Fédération des chambres de commerce d’Afrique de l’Ouest avec le soutien de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Le principal actionnaire est le Fonds de coopération, de compensation et de développement (Fonds de la CEDEAO), bras financier de la CEDEAO. Ecobank est présente plus de 35 pays d’Afrique de l’Ouest, centrale, de l’Est et du Sud. Elle dispose d'une filiale à Paris, France et des bureaux de représentation à Londres, au Royaume-Uni, à Dubaï aux Emirats Arabes Unis et à Beijing en Chine
En 1948, British and French Bank Limited (BFB) démarre ses opérations au Nigeria. Le 23 février 1961, après l'indépendance du pays, la BFB devient UBA. Le Nigéria devient l’actionnaire majoritaire. En 2008, UBA rachète plusieurs banques en faillite et s’établit dans plusieurs pays africains : Cameroun, Côte d'Ivoire, Ouganda, Sierra Leone, Liberia… Elle se proclame panafricaine.
Asky est une compagnie aérienne panafricaine basée au Togo. Elle a été fondée en 2007, sous l’impulsion de Charles Konan Banny et Yayi Boni. Le vol inaugural de la compagnie Asky a eu lieu le 14 janvier 2010, entre Lomé et Ouagadougou. Sa création a pour but de remplacer la compagnie Air Afrique, disparue en 2002. ASKY couvre actuellement 22 destinations réparties dans 20 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Le Groupe NSIA quant à lui est un groupe d’assurances et de banques d’Afrique centrale et de l’ouest. Il se proclame aussi panafricaniste.
9- Les universités d’Amérique du Nord et l’université kamite
Des départements d'études africaines existent dans de nombreuses universités d'Amérique du Nord depuis les années 1960. Ama Mazama, professeur antillaise enseigne en Pennsylvanie, ainsi que Théophile Obenga professeur congolais, qui enseigne dans l'État de Californie.
Pour aller plus loin dans le panafricanisme, Afrocentricité International a lancé une université afro centrée, avec des diplômes de Master et de Doctorat. Bien que leurs diplômes ne soient pas encore officiellement reconnus, c’est une grande avancée dans le domaine de la rupture épistémologique (manière de pensée) avec la pensée occidentale. Ces efforts pourront se généraliser quand d’autres organisations panafricaines prendront la relève. Plusieurs écoles kemites existent aussi dans le monde pour la formation d’un nouveau type d’Africain. Plusieurs organisations panafricaines comme la Ligue Associative Africaine ont lancé leurs propres programmes de formation.
10- Le kemitisme
Le kémitisme ou khémitisme (ou netjerisme en France), est un ensemble de croyances et de pratiques qui s'inspirent librement de la religion de l'Égypte antique. Les kémites vénèrent les divinités égyptiennes et ils suivent aussi les lois de Maât (justice). Les kemites partent du fgait que toutes les religions sont des dérivés de la religion égyptienne originale. Au lieu d’aller vers des religions dérivées, il faut retourner à la source de la religion, qui est fondamentalement nègre. Les kemites sont montheistes, même s’ils vénèrent les divinités secondaires comme Isis, Nephtys. Les kemites sont de plus en plus nombreux à travers la planète. Le kemitisme offre au panafricanisme en construction une religion négro-africaine authentique. Les kemites demandent aux Africains de pratiquer le culte des ancêtres qui n’est qu’une manifestation de la religion originale d’Egypte pharaonique. Les kemites s’opposent à toute religion qui n’est pas directement liée à la religion originale de l’Egypte pharaonique. La plupart des lieux de culte et de son clergé sont en Amérique.
11- Le néo panafricanisme
Depuis quelques années, nous assistons à l’émergence d’un nouveau panafricanisme caractérisé par une influence grandissante des masses populaires. Ce nouveau panafricanisme est particulièrement virulent contre les puissances impérialistes, et plus précisément la France. Ce nouveau panafricanisme est plus présent dans les pays francophones. Il dénonce la nature des relations entre l’Afrique et l’occident, relations qui ont conduit à la paupérisation de l’Afrique et des Africains. Il revient sur la question du Franc CFA et le rôle trouble des multinationales dans le développement de l’Afrique.
Ce nouveau panafricanisme a ses nouvelles lacunes. Il fait une étude parcellaire de la situation africaine. Il revient très peu sur la décolonisation mentale des Africains eux-mêmes. Il est plus critique et ne propose pas un schéma global, ou un projet de société viable à l’Afrique. Certains de ses leaders font même appel à la Russie pour supplanter les puissances occidentales, ce qui rompt avec la vision indépendantiste qui animait les pères fondateurs du panafricanisme. Les néo panafricanistes n’interrogent pas assez le rôle des africains dans leur propre et situation et rejettent presque toute la responsabilité à l’autre, ce qui ne pourra pas permettre la véritable libération du continent, car c’est en étant conscient de ses erreurs qu’on cherche à les corriger. La nation africaine unitaire pensée par les pères fondateurs occupe une place marginale dans ce néo panafricanisme.
Mais au-delà de ces manquements, le néo panafricanisme a, par sa capacité de mobilisation, présenté au peuple africain son véritable ennemi, qui est la France néocoloniale, elle-même le fruit du capitalisme mondial, qui est à sa phase impérialiste.
12- Le panafricanisme révolutionnaire
Le panafricanisme révolutionnaire est juste le retour au panafricanisme original défendu par les pères fondateurs. Il a pour objectif principal la proclamation de l’Etat africain uni. Pour cela, il fait une analyse objective des situations actuelles, établi des responsabilités et opte pour la création et le renforcement des mouvements de libération à travers le continent et sa diaspora, comme l’avait suggérés les conférences de Manchester, d’Accra et le congrès de Kampala. Il combat les puissances néocoloniales en Afrique et vise une lutte politique, économique et sociale pour la proclamation de la République africaine unitaire. Il met un accent particulier sur le réveil des consciences, la formation de la population africaine, qu’elle considère comme le gage principale de la réussite du rêve panafricain. Il se situe dans la logique des congrès et conférences panafricaines.
III- Les nouveaux porte-flambeaux du panafricanisme
1- La Ligue Associative Africaine
Créée en 2013 à Maroua au Cameroun, la Ligue Associative Africaine réunit les organisations panafricaines à travers la planète pour parvenir à la proclamation d’une nation africaine unie qu’elle appelle la République de Fusion Africaine. Elle dispose aussi des entreprises économiques comme la SOPAGRI (Société Panafricaine d’Agriculture). Elle a lancé un programme éducatif (Les études panafricaines), pour la formation des populations africaines. Elle résume les ouvrages, produit des livres et articles pour orienter et former la population africaine afin de la rendre apte à construire une nation africaine unie. L’organisation est présidée par le politicien Yemele Fometio. Pour fixer son combat au sein des masses africaines, la Ligue Associative Africaine organise des conférences, tables-rondes, des émissions télévisées ou radiodiffusées, des commémorations… La Ligue Associative africaine dispose de plusieurs organes de presse. Avec sa chaine Youtube éponyme, elle contribue à la vulgarisation de ses idées.
2- La ligue Panafricaine UMOJA
Elle est créée en 2010 pour soutenir la libération de la famille africaine mondiale (Afrique et diaspora) et l’organisation des conditions d’un processus d’unification politique pour parvenir à un Etat africain uni qu’elle appelle les Etats-Unis d’Afrique. Elle est présente dans plusieurs pays africains : Cote d’ivoire, Burkina Faso, Sénégal, Mali, Niger, Burundi, Congo, RD Congo, Espagne, France. L’Organisation est actuellement présidée par l’historien Amzat Boukari-Yabara. Pour la Ligue Panafricaine Umoja, c’est seulement en mutualisant leurs efforts au sein d’un Etat fédéral panafricain que nos pays sauront assurer la sécurité politique, économique, militaire et culturelle essentielle à leur développement. Pour fixer son combat, la Ligue Panafricaine Umoja organise ou anime des journées d’échanges, colloques, conférences. Elle fait des formations, commémorations. Elle dispose d’une chaine Youtube permettant de visionner ses interventions, portant son nom. Elle dispose aussi d’un organe de presse appelé Panafrikan et d’une maison d’éditions.
3- Les Economic Freedom Fighters
Les Combattants pour la liberté économique (Economic Freedom Fighters) est un parti politique sud-africain fondé en 2013 par d'anciens membres du Congrès National Africain (ANC) au pouvoir en Afrique du Sud. L’organisation est présidée par l’opposant sud-Africain Julius Malema, un ancien membre de l’ANC. Les Combattants pour la liberté économique exigent la redistribution des terres et la nationalisation des mines sans compensation. C’est la question de la redistribution des terres qui avait animé le combat de l’ANC. Mais une fois au pouvoir, elle n’a pas fait des efforts dans ce sens. En 2014, les combattants pour la liberté économique obtiennent 6.35 % des parlementaires de l’assemblée nationale. Et remporte 8,31% des voix aux élections municipales de 2016. Lors des élections générales de 2019, le parti améliore son score, remportant 10,79 % des suffrages et progresse dans toutes les élections provinciales. Les combattants défendent les noirs en Afrique du Sud et accusent l’ANC d’avoir vendu les noirs à la minorité blanche. Ils appellent à l’union des peuples noirs à travers la planète. Son leader Julius Malema s’oppose à tout acte de xénophobie contre les noirs en Afrique. En avril 2015, à la suite de l'appel de Julius Malema à détruire tous les monuments et statues liés à l'histoire des Blancs sud-africains, des membres des Economic Freedom Fighters détruisent des monuments à travers le pays. En 2016, les Combattants pour la liberté économique font des manifestations violentes dans les universités pour que l’Afrikaans soit remplacé par les langues africaines. Dans certaines universités, ces manifestations dégénèrent en bagarres entre étudiants noirs et étudiants blancs.
4- Afrocentricité International
Afrocentricité International soutient l'élévation spirituelle, culturelle, éducative et économique des négro-africains qu’elle appelle les kamites en allusion à leur teint noir. La méthode utilisée par l'Organisation est l'Afrocentricité. Elle a pour but de réaliser la renaissance africaine qu’elle appelle le Uhem Mesout, et la création de l'Etat Fédéral d'Afrique Noire, tel que pensé par Marcus Garvey et Cheikh Anta Diop. Pour Afrocentricité International, tout doit être perçu selon la conception négro-africaine. Elle combat les religions étrangères et prône des cultes africains.
Dirigé par Ama Mazama et Moléfi Kete Asante, l’organisation est présente dans plusieurs pays à travers le monde. L’organisation a lancé des écoles et des universités centrées sur l’Afrique, en rupture des écoles et universités généralisées, qui sont calquées sur le modèle de pensée occidental. Elle organise des conventions pour s’étendre et pour mieux organiser les cultes kamites. Elle produit des ouvrages, des articles et des journaux sur son combat, et sur la nécessité d’une vision afro-centrée du monde.
5- Urgences Panafricanistes
Urgences Panafricanistes est une organisation fondée en Décembre 2015 à Dakar. Elle est présente dans plusieurs pays africains. Elle mène un combat contre la françafrique et le néocolonialisme à travers des conférences, des meetings, des interventions médiatiques. Elle accorde aussi des crédits à des familles démunies d’Afrique sans intérêt, pour leur permettre de sortir de la précarité. Elle dispose des structures économiques comme l’espace économique Sankariste, le Centre Panaf qui est un centre commercial de valorisation de la production africaine. L’organisation est dirigée par l’activiste international Kemi Seba.
6- La Dynamique Unitaire Panafricaine
La Dynamique unitaire panafricaine est à l’image du RDA. Elle est une organisation fédérale qui regroupe les principaux mouvements progressistes du continent africain et de sa diaspora. C’est l’une des organisations fédérales ayant le plus grands nombre d’adhérents dans le monde panafricain. Son but est de parvenir à évincer le colonialisme d’Afrique, et assurer une véritable indépendance du continent. Pour y parvenir, elle multiplie des manifestations en France pour contester sa présence néocoloniale en Afrique. Elle assiste les autres organisations dans leurs combats. A son Assemblée Générale de 2023, Augusta Epanya de l’UPC-MANIDEM (parti politique camerounais) a pris la tête de l’organisation.
Conclusion
Le panafricanisme, en gestation depuis les premières razzias négrières se structure avec les conférences et congrès panafricains. Ces conférences et congrès donnent un sens commun au combat des noirs, protègent les noirs et les orientent vers des objectifs communs. Les Africains du continent et afro descendants trouvent en ce panafricanisme leur seule issue dans un monde qui les écrase par des lois et des actes anti-nègres, ce qui justifient la réponse que cette idéologie va avoir chez les populations africaines et d’ascendance africaines. Cette idéologie est portée par des hommes et femmes qui, à travers l’histoire, multiplient des sacrifices et des actions pour organiser des congrès et conférences, se concertent pour penser le sort de leur race et de leur peuple. Dans l’euphorie de cette idéologie, les africains et afro-descendants multiplient des initiatives pour rendre effectif ce panafricanisme. Des organisations panafricaines se créent à travers la planète, portées par des hommes et des femmes leaders qui croient en leur race et qui apportent leur contribution à sa libération finale et à sa grandeur. Parmi tous ces hommes et femmes qui façonnent le panafricanisme, deux émergent comme les figures principales de cette idéologie. Il s’agit de William Dubois et Kwame Nkrumah. Si leurs contributions sont les plus déterminantes dans l’émergence du panafricanisme, le rôle des autres est aussi déterminant.
Mais malgré ces efforts, les anciennes puissances coloniales vont tout faire pour saboter l’initiative panafricaine qui échoue avec l’OUA. L’Afrique arrive à l’indépendance étant divisée, émiettée en petits Etats non viables. Les conflits se multiplient, les anciennes puissances coloniales profitent pour évincer tous les nationalistes. Mais les africains ripostent par de nouvelles initiatives pour redresser le panafricanisme, ce qui permet de maintenir la flamme panafricaine jusqu’à présent. Aujourd’hui les leaders nouveaux font leur apparition dans ce vaste chantier du panafricanisme. Que ce soit la Ligue Associative Africaine, La ligue panafricaine umoja, la dynamique unitaire panafricaine, action sociale africaine, afrocentricité internationale ou convergences panafricaines, les nouvelles organisations panafricaines sont nombreuses et comptent porter l’idéologie à son triomphe. Pour réussir, ces organisations doivent surmonter leurs difficultés internes et empêcher les erreurs des premières organisations. Elles doivent, comme la plupart le font déjà, trouver des moyens pour leur autofinancement, aller vers une convergence de lutte, et mutualiser leurs forces. Elles doivent, au-delà du combat idéologique, engager un sérieux combat politique et penser globalement la riposte panafricaines aux anciennes puissances coloniales et aux forces adversaires endogènes. Les panafricanistes ne doivent pas seulement être des activistes, mais des intellectuels comme l’étaient tous les premiers panafricanistes. Ils doivent beaucoup lire et s’informer, car le panafricanisme est une idéologie, et l’idéologie est pensée.
Le panafricanisme est fondamentalement politique. Pour le faire échouer, les anciennes puissances coloniales ont imposé leurs hommes de main à la tête des Etats africains et ont donné à ces hommes de main les ordres de nuire au panafricanisme. Les panafricanistes doivent faire pareil, en imposant à la tête des Etats africains actuels des panafricanistes qui vont converger leurs pays vers l’Etat africain uni qui a toujours été à l’aboutissement final du panafricanisme. Il serait donc illusoire de se dire panafricaniste et dire qu’on ne fait pas de la politique. Les panafricanistes doivent être des politiciens dans leurs pays respectifs et doivent y prendre le pouvoir afin de suivre la logique de Kwame Nkrumah pour arriver facilement à l’Etat africain uni.
N’oubliez pas d’aller dans le site web www.ligueaa.org. Vous pouvez intégrer un des groupes de préparation aux examens officiels piloté par la LIMARA et la Ligue Associative Africaine ou bien vous inscrire aux formations diverses en envoyant votre numéro whatsapp au +237 674471831 ou au +237 696366502.
Pour ceux qui veulent fructifier leurs revenus, vous pouvez aussi investir dans nos sociétés en contactant les mêmes numéros. Bonne chance pour vos examens.