L’altercation entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky ce 28 février 2025 : un révélateur des jeux de pouvoir mondiaux

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Contexte géopolitique : la guerre en Ukraine et l’implication occidentale
Depuis 2022, la guerre entre la Russie et l’Ukraine a redessiné les équilibres géopolitiques mondiaux. L’Ukraine, soutenue par l’Occident (États-Unis, Union Européenne et OTAN), a reçu des milliards de dollars en aide militaire, financière et logistique pour affronter la Russie. Toutefois, malgré cette assistance massive, l’armée ukrainienne n’a pas réussi à renverser la situation. La Russie, sous la direction de Vladimir Poutine, a démontré une résilience stratégique, utilisant ses ressources militaires et économiques pour tenir bon.
À ce stade du conflit, plusieurs observateurs s’accordent à dire que l’Ukraine ne pourra pas remporter une victoire décisive. L’usure progressive de son armée, le manque de nouvelles recrues et la difficulté de maintenir l’effort de guerre rendent une issue favorable improbable. De son côté, la Russie a adopté une stratégie d’attrition, épuisant financièrement et politiquement l’Occident, qui doit justifier auprès de ses citoyens les énormes sommes investies dans ce conflit.

L’Occident en quête d’une sortie de crise
Face à cette impasse, les États-Unis ont initié des discussions pour une issue diplomatique. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken et son homologue russe Sergueï Lavrov se sont rencontrés en amont pour évoquer la possibilité d’un cessez-le-feu. Cet échange, que Zelensky a dénoncé comme étant une négociation sur l’Ukraine mais sans l’Ukraine, montre une réalité souvent ignorée : l'Ukraine n’est pas maître du jeu.
L’altercation entre Donald Trump et Zelensky s’inscrit dans ce contexte. Lors de leur rencontre, Trump a été très clair : sans le soutien des États-Unis, l’Ukraine ne tiendra pas face à la Russie. C’était une manière brutale mais réaliste de rappeler à Zelensky qu’il est dépendant des décisions occidentales et qu’il ne peut pas imposer seul la poursuite de la guerre.

Zelensky, un pion dans une stratégie plus large
L’Ukraine n’a été qu’un instrument dans une confrontation plus vaste entre l’Occident et la Russie. L’objectif premier de Washington et Bruxelles n’a jamais été de sauver l’Ukraine en tant que nation souveraine, mais d’affaiblir Moscou. Dès le début du conflit, la Russie a prévenu que toute intervention directe de l' occident entraînerait des représailles destructrices, notamment avec son missile stratégique « Satan 2 ». L’OTAN, consciente du risque d’une escalade nucléaire, s’est contentée de financer et d’armer l’Ukraine plutôt que d’envoyer ses propres soldats.
Mais après deux ans de guerre et des milliards de dollars investis, l’Ukraine ne progresse plus et l’Occident comprend que continuer cette guerre ne fera qu’aggraver ses propres problèmes économiques. En réalité, la Russie a retourné la stratégie contre l’Occident : chaque jour qui passe affaiblit les finances et la crédibilité des puissances occidentales, qui doivent maintenant trouver une porte de sortie.

L’histoire se répète : les alliances éphémères de l’Occident
Ce schéma s’est déjà vu dans l’histoire récente. L’Occident, quand il veut affaiblir une puissance ennemie sans s’engager directement, arme et soutient un acteur local :
Saddam Hussein fut encouragé par les États-Unis à combattre la révolution iranienne avant d’être finalement abandonné et exécuté par les mêmes États-Unis.
Mobutu au Zaïre, autrefois soutenu par l’Occident pour renverser le gouvernement de Lumumba et sécuriser le contrôle des ressources minières de son pays pour le compte de l' occident, a fini exilé et isolé.
Jonas Savimbi, armé par les États-Unis contre le régime angolais, a été abandonné par ces derniers avant d'être tué par sa propre population.
Blaise Compaoré, qui a aidé à renverser la révolution burkinabè, a fini en exil, contraint d’abandonner la nationalité du pays qu’il a dirigé.
Ahmadou Ahidjo, après avoir écrasé la révolution camerounaise pour le compte de l’Occident, est mort abandonné en exil, sans que son corps ne retourne au pays.
Tous ces hommes ont cru être des acteurs décisifs de l’histoire, alors qu’ils n’étaient que des pions dans un jeu plus vaste. L’histoire montre que ceux qui servent les intérêts des grandes puissances finissent souvent abandonnés ou éliminés. Zelensky pourrait suivre ce même chemin.

L’Ukraine va payer cette guerre
L’Occident ne laissera pas cette guerre sans compensation. Déjà, des discussions sont en cours pour s’approprier les ressources économiques de l’Ukraine, notamment son pétrole et son secteur énergétique. L’Union Européenne cherche aussi à récupérer ses pertes en gelant les fonds russes en Europe. Mais si la Russie riposte en saisissant les avoirs occidentaux sur son territoire, alors le fardeau retombera sur l’Ukraine.
L’Ukraine risque d’affronter l’une des périodes les plus difficiles de son histoire : elle a perdu des centaines de milliers de vies, et maintenant, elle doit payer la facture de cette guerre. Son indépendance pourrait être compromise si elle devient un simple territoire sous influence occidentale ou partagé entre les grandes puissances, y compris la Chine.

La leçon pour l’Afrique : ne pas être un pion
L’Ukraine nous envoie un message fort : la soumission aux intérêts étrangers finit toujours par coûter cher. L’Afrique doit tirer les leçons de l’histoire. Plutôt que de se ranger derrière des puissances extérieures qui utilisent les nations comme outils stratégiques, les pays africains devraient s’unir pour construire une véritable puissance continentale.
Il est temps d’arrêter de répéter les erreurs du passé : servir l’Occident pour des gains immédiats ne mène qu’à la dépendance et, inévitablement, à l’abandon. L’Afrique doit cesser d’être un champ de bataille où les grandes puissances règlent leurs conflits par procuration.

Conclusion : L’Ukraine est un cas parmi d’autres
Ce que nous voyons avec l’Ukraine est un modèle que l’Occident applique depuis longtemps : utiliser un allié temporaire pour affaiblir un adversaire, puis l’abandonner une fois qu’il ne sert plus. Que ce soit en Irak, en Afrique ou en Europe de l’Est, la logique reste la même.
L’Ukraine paie aujourd’hui le prix de cette guerre, et demain, ce sera peut-être un autre pays. Seule une véritable souveraineté et une capacité d’auto-défense peuvent empêcher un État de devenir un simple pion sur l’échiquier mondial.

Par : Yemele Fometio
Douala, le 7 mars 2025